Je raconte tellement souvent cette histoire que je suis sûr maintenant qu'elle est vraie. Après une année d'écriture, de versions diverses, de refus et de de recherches, Magouric Production avait finalement réussi à financer le projet, grâce au CNC et à Arte, notamment.

Entre la première version de « des câlins... » et l'obtention d'un feu vert pour démarrer la fabrication il s'était passé pas mal de choses. J'avais rencontré Chiara et je découvrais un pays, une langue et une culture. Elle avait décidé qu'on partirait sur un bout de rocher perdu au milieu de la mer parce qu'elle devait se lever à cinq heures de matin filmer des pêcheurs. Ca m'a paru une idée suffisamment saugrenue pour que j'organise tout ce qu'il fallait pour faire le film en me déplaçant. Avec ma valise pleine de feuilles vierges, mes 50 cartouches d'encre, une table lumineuse portative et un appareil photo numérique, je pouvais travailler n'importe où. Et ça me plaisait. L'animation est en général associée à une technique lourde et sédentaire. Là c'était léger et sans cesse itinérant. A la fin du générique, on peut voir que le film a été fait à Rome, Rimini, Lampedusa, La Cavalerie, et Paris. J'ai travaillé dans des chambres, sur des lits, dans des cuisines, dans des salons, dans des jardins... Je ne bougeais pas de ma table de travail, mais ma table de travail, elle, se déplaçait sans cesse. Et il faisait chaud, très chaud. La table lumineuse elle-même n'étant pas un frigo, il a fallu que je me mette dans le plus simple appareil, aussi par solidarité avec mes personnages.

Je crois que c'est ça qui a plu à Chiara.

Jour après jour, les dessins s'empilaient à mesure que ma sueur dégoulinait et que Chiara me filmait (en revenant de la pêche, bien sûr).

Je n'ai pas beaucoup bronzé cet été là. Chiara, si. C'est l'avantage de la prise vue réelle sur l'animation. Et nous avons fait deux films. Pendant qu'elle essayait de garder un cadre fixe sur une barque déchaînée, je restais seul avec mes pinceaux. On se retrouvait vers cinq heures pour aller se baigner. Je dois dire que c'est une manière assez agréable de faire des films.

 

 

 

 

 

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