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Mon père m'avait raconté, récemment, pourquoi et comment il était arrivé en France en 1945, à la Libération. Lui, l'Allemand au parcours insolite ; et sa hantise : que quelqu'un apprenne sa nationalité. Son histoire m'avait touché. J'ai eu envie de la partager. En faire un film. C'est ce qui m'a poussé à l'écriture et à la réalisation, domaines qui m'étaient totalement inconnus... J'ai d'abord interviewé mon père. Je voulais utiliser sa propre voix. On verra plus tard pourquoi ça n'a pas été le cas... Mais comment raconter tout cela en cinq minutes ? Il fallait faire un choix. Son séjour à Paris en 46, dans le quartier des prostituées, permettait de découvrir d'autres personnages hauts en couleurs. Et de raconter l'histoire sur un ton plus léger. J'ai gardé les passages qui m'intéressaient et j'ai écrit, re-écrit, re-re-écrit le scénario. |
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On en a discuté puis elle a réalisé un dessin par personnage (avec des couleurs que je voulais saturées). Pour obtenir des marionnettes avec beaucoup de possibilités, de souplesse et de solidité, j'ai re-pensé à Sylvie Guérard. Elle a initié Clémentine aux armatures et aux matériaux utilisables pour que les personnages soient animables, prennent vie. Les armatures sont bien sûr en métal avec, pour la plupart, un système de rotules, et recouvertes de mousse puis de latex liquide pour les membres et de tissus peints collés (je ne voulais pas de tissus qui virevolte sans raison). Les têtes sont en résine avec des bouches aimantées et même des sourcils animables ! Leur rencontre a permis à ces magnifiques marionnettes, si proches des dessins initiaux, d'exister !!!
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L'animation / le tournage Je voulais retravailler avec Eric (j'étais chef op' sur son film « l'odeur du chien mouillé »). J'apprécie son univers et son travail d'animateur. Il a suivi mon projet de près. On a discuté à différentes étapes de la préparation. Il me donnait son avis sur la bonne façon de procéder. Sur le tournage, nous n'étions que tous les deux. Rien est immuable et j'aime échanger pour arriver à la bonne solution sans y passer des heures. Avec lui, ça fonctionne bien. J'avais aussi demandé à Pierre Luc Granjon (réalisateur de « Petite escapade », « Le château des autres » et « Le Loup blanc ») de me porter secours vers la fin, pour animer sur un deuxième plateau. Nous avions une date butoir car un autre tournage devait avoir lieu dans le studio de l'APCVL. J'aime beaucoup son travail et sa façon d'animer. Avant le tournage , j'ai fait un animatic (une sorte de brouillon du film où on voit vite ce qui ne va pas) avec les dessins du story et la voix off...C'était vraiment important. Ça m'a beaucoup aidé pour savoir à quoi le film allait ressembler. Je le regardais pendant le tournage à chaque nouvelle séquence.
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Le son Au montage, Gwen Mallauran m'a conseillé de tailler dans la voix off...J'ai eu du mal, mais c'était nécessaire. On a commencé par monter la voix de mon père puis les images. Après, tous les sons et les voix ont été créés et enregistrés au studio Folimage à Valence (Merci encore à Patrick Eveno, Pascal Le nôtre et Jacques Remi Girerd d'avoir accepté ma présence !)par Loïc Burkhardt. Il avait un énorme bric à brac d'objets avec lesquels il faisait les bruitages. C'est un travail incroyable et passionnant ! Vu le nombre de personnages, il n'arrêtait pas de se changer de vêtements pour les présences, les pas... Il a vite fallu se rendre à l'évidence : le ton de la voix de mon père était trop monotone. Et certaines phrases n'étaient pas ré-ajustables entre-elles. On ne disposait que de peu de temps. C'est le comédien Jean Pierre Yvars qui s'est mis dans la peau de mon père. C'était la première fois que je dirigeais un comédien...Eh bien oui, c'est très difficile ! puis il a fallu coller sa voix au montage final...Nos efforts n'ont pas été vains...L'émotion est là ! C'est la comédienne Claude Veysset qui a fait toutes les voix des prostituées dont la de Gaulle, qui était loin d'être simple. On me demande souvent si ce personnage a réellement existé...Mais oui ! Aujourd'hui, je me rends compte que cette aventure était ambitieuse pour un premier film...Il aurait peut-être fallu porter ce projet à deux ! Mais finalement ce qui est important pour moi, c'est que les gens soient émus par cette histoire, que l'émotion soit bien présente. Ce qui a été un réel bonheur, après avoir lutté 2 ans pour réaliser ce premier film, c'est d'entendre que les gens aient été touchés par cette histoire. Et bien évidemment d'obtenir 2 prix importants : celui de l'association Beaumarchais, au festival de Montpellier (où le film n'était pas en compétition) et celui de Clermont -Ferrand, quatre mois plus tard. C'est formidable que le film ait été sélectionné dans tant de festivals partout dans le monde... |
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