Pourquoi la séquence avec de la procession ?


SEQUENCE 14. EXT. JOUR. QUARTIER DU PANIER

Karim et Coralie descendent en courant des escaliers d’un vieux quartier et se retrouvent coincés dans une procession religieuse. À la tête du cortège, une vingtaine d'hommes portent une grande statue de la vierge Marie. Les deux enfants se fondent dans le groupe et marchent avec eux. Ils sont contents de voir ce spectacle. La foule chante en l’honneur de la vierge. Soudain, ils sont happés par la foule qui emporte Coralie. Karim tente de la rejoindre avec difficulté. Les mouvements de foule, au contraire, l'éloignent de sa soeur. Il l’a perd de vue.

KARIM
Coralie, Coralie !!

 

NOTE SUR CETTE SEQUENCE

Cette séquence m’a été inspirée, encore une fois, par le réel. En effet, j’ai vécu quelques années au panier et plusieurs fois, j’ai vu cette procession qui défilait sous mes fenêtres. Un jour, par curiosité, je suis descendue me fondre dans la foule et j’ai été fascinée par cette ferveur populaire.

Ces personnes qui hurlaient leur amour à la Vierge Marie, étaient les mêmes que je croisais dans les commerces du quartier, aux terrasses de bistrots de la place de Lenche. C’étaient mes voisins.

Bien entendu, choisir ce décor, c’est aussi rendre hommage à mes maîtres, Martin Scorsese (Mean Streets) et Roberto Rossellini  dont le chef-d’œuvres ont marqué mon apprentissage. Dans « voyage en Italie » c’est dans une procession à Naples, qu’ Ingrid Bergman et Georges Sanders, comprennent après s’être perdus (dans tous les sens du terme), qu’ils s’aimaient et ne devaient pas divorcer. Pour ce couple, la procession est un lieu de reincarnation. Pour mes deux enfants héros, c’est le lieu de la découverte et celui de la désincarnation puisqu’ils vont s’y perdre.

Dans cette séquence de la procession je ne fais pas l’apologie du catholicisme. Moi-même je ne suis croyante, du moins consciemment. Le plus beau film que j’ai vu sur ce que pourrait être la foi et la croyance c’est « L’évangile selon st Mathieu » de Pasolini. Pourtant nous savons que Pasolini a eu des rapports très difficiles avec la religion.

Je crois que ce qui est important dans une histoire c’est de frôler le spirituel et le sacré d’une façon déconnecté de la religion. Tout en étant de bons musulmans, mon père était syndicaliste CGT et ma mère se rendait fréquemment à notre dame de la garde pour faire ses vœux. Et je sais que dans cette procession, comme dans la séquence de la colline d’ailleurs, ils auraient vus un moment de communion populaire, un espace commun et supérieur où l’on n’est que «  humain ». Un espace où peut-être Dieu est du côté des plus faibles ?!

 

   

 

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