Bruno habite Montréal. Sa copine est Québécoise, sa vie est au Québec… mais il est Belge. Après une rencontre amoureuse dans le pays de la poutine (célèbre spécialité culinaire québécoise à base de frites, de fromage en grains et de sauce brune – www.mauditepourine.com), un an d’interurbains coûteux et d’allers-retours Bruxelles-Montréal, il cherche à immigrer au Canada. Si ses consultations dans des bureaux d’immigration lui ont apporté plus de contradictions que de solutions, sa démarche de statut de résidant, elle, n’avance qu’à coups de billets : pour les consultations, pour la pré-demande, pour la demande officielle, sans compter le coût des allers-retours dans son pays qui se succèdent au gré de ses visas de touriste. Mais l’argent se fait rare pour un homme dont le passage à l’aéroport est marqué de l’incontournable mise en garde : «Vous ne pouvez ni travailler, ni étudier, ni faire du bénévolat sur le territoire canadien. Si vous souhaitez vous procurer un visa pour effectuer une de ces activités pendant une période déterminée, vous devez le faire à l’extérieur des frontières canadiennes. » Bienvenu.
Bienvenu dans le labyrinthe bureaucratique le mieux construit qui soit; un labyrinthe rénové chaque jour, à chaque coup de téléphone, pour mieux vous faire perdre les indices déjà acquis sur le moyen de trouver la sortie.
Bienvenu dans la désormais célèbre maison des fous des « douze travaux d’Astérix ». Bienvenu au paradis des formulaires à 300$ et des transferts de lignes.
Bienvenu à l’immigration!
…Et adieu au conte de fée des amoureux candides.

Migration Amoureuse propose de suivre Bruno dans son processus d’immigration, en partant de la phase active de l’ouverture de son dossier, jusqu’à sa réponse. Tout au long de son parcours, l’œil de la caméra filera le sujet sans manquer une étape, une émotion, les vivant même avec lui… parce que cet œil est le mien, sa Québécoise, sa raison d’immigrer. C’est donc de façon personnelle, tous les jours (en tout cas souvent!) que seront glanés des moments à la fois, banals ou marquants, particuliers ou communs à l’ensemble des couples dans la même situation, mais qui sont tous menés par l’envie de dépasser les embûches de la différence de nationalité pour s’aimer. S’il s’agit de suivre une histoire personnelle pour mieux comprendre un phénomène qui, lui, touche de nombreuses personnes, je trouve inconcevable de m’en remettre à la seule histoire de Bruno. Autour de moi les expériences de couples dans la même situation sont si nombreuses que l’ouverture vers d’autres histoires similaires (mais dont les dénouements sont parfois bien différents….) s’impose. Ainsi, trois autres personnages secondaires viendront nourrir le documentaire de leur expérience d’immigration amoureuse ; Sébastien et Évelyne, un jeune couple France-Québec avec un enfant et dont le papa est toujours sans-papiers et Geneviève, amoureuse d’un Américain, mais interdite de circulation aux États-Unis. Déjà présents dans la vie de Bruno et la mienne, ils s’intègrent sans quitter l’homogénéité de la trame, mais en soulignant l’étendue du phénomène. De multiples références à l’actualité (par le biais de journaux, périodiques, émissions de télévision) et des entrevues avec des spécialistes en immigration tisseront également des liens avec la réalité sociale, dépassant le domaine personnel.

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