Un scénario de Frédéric PELLE D'après « The Teller » de Stephen DIXON
1. VOITURE - INT. JOUR : Embouteillages matinaux parisiens. Gomez, la trentaine, est au volant d'une voiture, en direction de la Province.
2. CAMPAGNE - EXT. NUIT: Sa voiture entre dans un village. Elle se gare devant un vieux portail.
3. MAISON - INT. JOUR: Gomez ouvre les volets d'un salon, laissant entrer la lumière. Visiblement, il sort du lit. Il observe l'endroit avec attention. Il lui est familier, mais il ne l'avait pas vu depuis longtemps. L'émotion le rattrape.
GENERIQUE DEBUT : - Bianca Films présente - Le caissier
4. PLACE DU MARCHE / VILLAGE DE CAMPAGNE - EXT. JOUR: Gomez traverse le marché installé dans les rues de Meyssac, petit village corrézien. Il salue le marchand de légumes.
Le maraicher : Oh François ! Gomez : Ca va bien Le maraicher : Ca va, et toi ? Gomez : Très bien Le maraicher : T'es revenu ? Gomez : Ouais, ça fait un mois que je suis là. Le maraicher : C'est bien... Gomez : Je monte, je vais voir les veaux et on se voit tout à l'heure ! Le maraicher : Ok, à tout à l'heure. La foire aux bestiaux bat son plein sur la place du village. Une soixantaine de veaux de lait, des éleveurs, des acheteurs et Gomez. Les enchères commencent. Des gestes, des codes, des annonces aussi. Les prix grimpent vite. Au milieu de la foule, deux hommes d'une trentaine d 'années observent la scène en silence.
5. VOITURE - INT. JOUR: Meyssac est désert. C'est le lendemain.
6. BANQUE - INT. JOUR: Derrière son guichet, Gomez observe autour de lui, jouant avec un stylo dans une main. La porte du bureau du directeur, est entrouverte. Face au directeur, une cliente, blonde et chic, la femme d'un notable du coin sans doute. Puis, Gomez regarde sa collègue Martine, occupée à compter des billets à quelques mètres de lui. Face à elle, un paysan ,Monsieur Laval, qui a semble-t-il fait de bonnes affaires lors de la foire aux bestiaux. Martine lui donne son reçu. Monsieur Laval : Merci Martine. Dis à ton père que je passerai prendre l'apéro un de ces soirs Martine : D'accord Monsieur Laval : Allez au revoir. Martine : Bonne soirée Monsieur Laval. Gomez : Monsieur Laval. Une sonnette se fait entendre. Gomez ouvre la porte à un client. Monsieur Laval sort. Un des deux hommes aperçus au marché entre. Gomez : Bonjour Monsieur. Je peux vous aider? Phil: Combien je peux retirer de mon compte? Gomez: Autant d'argent que vous avez dessus. Phil: Bien. J'aimerais retirer 10 000 euros, mais je ne les ai pas sur mon compte actuellement. Gomez: Ah. Alors vous aller devoir patienter pour en parler avec Mr. Grancoin, le directeur. Phil: Bonne idée. Encore une chose : je ne veux pas que vous preniez l'air affolé mais j'ai deux grenades dans mes poches. Alors je veux que vous fassiez exactement ce que je vous dis sans montrer la moindre émotion, c'est compris ? Gomez: Ne vous inquiétez pas, je ferai ce que vous dites. Phil: Tu n'as pas le pied près de l'alarme par hasard ? Gomez: Non. Phil: T'as bien raison. Je n'hésiterai pas une seconde à tout faire péter. On fait partie d'un groupuscule politique extrémiste. On a besoin d'argent très vite pour acheter des armes. Souris- moi... c'est bien. Je te raconte tout ça pour que tu sois conscient qu'on a bien préparé notre coup et que tu as tout intérêt à collaborer. Gomez acquiesce. Le client qui était avec Martine la salue, salue Gomez également et quitte l'agence. Phil : Recule de deux pas. Et va dire à ta collègue de ne pas paniquer. Gomez s'exécute. Il s'approche discrètement de Martine, occupée à ranger les liasses de billets. Gomez : Martine, surtout, tu ne paniques pas. Martine : (surprise) Pardon Phil : Pat! Martine a compris. Elle blêmit quand elle aperçoit le revolver que Phil tient dans sa main, nonchalamment posée sur le comptoir. Le second braqueur, Pat, qui était jusque-là resté près de la porte, monte sur une chaise et masque les deux caméra de vidéo surveillance avec un large scotch noir. Puis il baisse le store vénitien de la porte d'entrée. Il se dirige maintenant vers le bureau du directeur. Phil: (à Gomez et Martine) On reste tranquille hein ? Gomez et Martine obéissent. Martine a une liasse de billets dans chaque main. Pat fait sortir du bureau le directeur et la cliente, apeurés. Pat : Viens là toi. La cliente : Vous me faîtes mal Le directeur : J'arrive, j'arrive.. Pat : (au directeur) Dépêche toi. Les clés. Magne toi! Le directeur : C'est la grosse Le directeur sort un trousseau de sa veste et le donne délicatement à Pat. Ce dernier recule en direction de la porte tout en les maintenant en joue. Il ferme la porte à clé. Phil défonce le portillon d'un grand coup de pied et passe de l'autre côté du guichet. Phil: Dégagez de là. Pat sort un sac-poubelle de son parka et le donne à Martine qui crie, effrayée. Pat: Allez, on vide ses poches là. Les porte-feuilles, les portables, allez ! Ca traine uin peu au goût de Pat, tandis que Phil vide les caisses. Pat: Magnez vous un peu là, allez. Allonge-toi la vieille, toi aussi, là, voilà... Un à un les otages s'allongent sur le sol. On frappe à la porte. Les otages se regardent, les voleurs aussi. Un temps. On frappe de nouveau, avec insistance. Pat ouvre la porte. C'est Jean-Jacques, un jeune éleveur, violemment agrippé par Phil. Le directeur : Ne paniquez pas Jean-Jacques, et faîtes ce que ces messieurs disent. Pat passe de l'autre côté du guichet. Phil surveille les otages et jette un coup d'oeil vers l'extérieur. Pat revient. Pat: Maintenant écoutez-moi bien : J'ai fixé un explosif sur l'alarme, et elle est très sensible. Il sort une télécommande de sa poche. Pat: ...Je lancerai la minuterie une fois dehors. Alors je vous conseille de rester couchés pendant vingt minutes, sinon tout explose. Ensuite vous pourrez faire ce que vous voudrez. ( à Phil) Allons-y !
Ils sortent de la banque et ferment la porte à clé.
7. BANQUE - INT. JOUR: Les otages sont couchés sur le ventre. Ils sont cinq: Gomez, Martine, le directeur, la cliente et François. Le directeur : Surtout vous ne bougez pas. Le mondre mouvement et ça pète. Nom de Dieu. Gomez : (au directeur) Monsieur Grancoin, vous y croyez à leur histoire d'explosif ? Le directeur : En tout cas on ne va pas bouger. Dans cinq minutes on sortira tous et on préviendra la police. Gomez : Je l'ai pratiquement pas quitté des yeux. Il a pas eu le temps de raccorder le moindre explosif. La Cliente : Il a dit "fixé" ! Gomez : Fixé, raccordé, installé, c'est pareil. Martine : J'ai lu dans un livre que dans 90% des cas, les voleurs se font attraper si le hold-up dure plus de deux minutes. Ils sont restés bien plus que ça ! Jean-Jacques: Eh bien c'était des conneries. Martine : (désignant les caméras vidéo d'un mouvement de tête) Mr. Grancoin, les gendarmes, ils devaient être là en cinq minutes, non? Le directeur : Je sais bien. Je pensais qu'ils arriveraient à temps. C'est pour ça que je me suis montré coopératif, en espérant qu'ils baissent un peu leur garde. Jean-Jacques: C'est bien beau mais ça n'a pas marché, et ils sont parti avec mon argent. La cliente : Mais on s'en fout de votre argent. Gomez : Je vais jeter un coup d'oeil à l' alarme. Le directeur : Vous ne bougez pas Gomez! Je suis le directeur et je suis responsable de mon agence. Jean-Jacques: Tu es sûr de ton coup ? Gomez : Certain ! Je ne les ai pas quitté du regard. C'est du bluff. Jean-Jacques: Je te suis. Gomez : Allons-y Le directeur : Gomez ! Le bruit d'une clé dans la serrure de la porte se fait entendre. La cliente : Oh mon Dieu ! Excepté Gomez, les otages réagissent à l'unisson et les cris de protestation se chevauchent. Les otages : N'entrez pas / N'ouvrez pas la porte /restez dehors / Non!!!
8. BANQUE - INT. JOUR: Phil ouvre la porte et brandit la télécommande de l'explosif. Pat le suit de près et referme la porte. Pat: Chuuuut!!! C'est nous. Phil: On a décidé de prendre un otage finalement. Les otages baissent la tête, se font discrets. La cliente: (en larmes) Messieurs, Pas moi, je vous en supplie, j'ai une famille, des enfants... Martine: On a tous une famille Madame Romestand, sauf François... Se rendant compte de sa bourde, elle regarde Gomez d'un air désolé. Gomez acquiesce. Gomez : Tu as raison Martine. Puis, il se lève, rajuste ses vêtements et se tient fièrement à la disposition de Pat et Phil. De leur côté, les braqueurs se consultent en chuchotant. Gomez : Je suis prêt. Pat: (à Gomez) Comment tu t'appelles ? Gomez: François, Gomez Phil: Et dites bien aux flics qu'on n'hésitera pas à descendre Gomez s'ils nous poursuivent. Sinon, il sera derrière son guichet demain matin.
9. PLACE DU VILLAGE - EXT.JOUR: Discrètement "guidé" par Pat, Gomez monte à la place du mort, Pat à l'arrière, Phil prenant le volant. La voiture quitte lentement la place et s'enfonce dans une ruelle.
10. SORTIE DU VILLAGE - EXT. JOUR: La voiture s'arrête à un croisement. Un convoi de voitures avance lentement sur la route principale. En tête du convoi, un tracteur. Deux gendarmes sortent du garage automobile qui fait l'angle. Leur regard est attiré par cette grosse BMW qui leur est inconnue. Alors qu'ils traversent devant le véhicule, les policiers reconnaissent Gomez au travers du pare-brise. Tous deux lui font un signe de tête. Gomez leur répond, amicalement, comme si de rien n'était. Les deux braqueurs prennent l'air naturel. La voie est libre, Phil peut démarrer. Phil : Bien joué Gomez.
11. VOITURE BRAQUEURS / CAMPAGNE - EXT.JOUR : La voiture est maintenant hors du village. Elle emprunte une petite route boisée laissant la vallée derrière eux. Gomez: Et ce truc que vous avez dit, que vous me descendrez si les flics nous poursuivaient, c'est vrai ? Aucun des deux ne répond, mais on ne les en croit pas capable, même s'ils prennent l'air de durs à cuire. Gomez: Je ferai ce que vous direz, je ferai comme vous voudrez. Vous me rendrez mon portefeuille si tout se passe bien? Phil: Tu l'auras. Gomez: Et ceux des autres aussi? Phil: Oui... Gomez: Et les clés de la banque aussi? Phil n'en revient pas.
12. CAMPAGNE - EXT. JOUR : La voiture quitte la départementale et emprunte un chemin de terre qui s'enfonce dans les bois.
13. SOUS-BOIS / CHEMIN - EXT. JOUR: La voiture avance lentement sur un petit chemin cabossé. Arrivée à hauteur d'un 4x4 dissimulé sous les branches d'un arbre, elle stoppe. Pat fait descendre Gomez et l'accompagne jusqu'au coffre. Pat: Assis toi. Gomez obtempère. Pat prend une bière et en propose une à Gomez. Gomez : Non merci. Phil réapparaît, sans moustache, sans casquette et sans lunette. Il prend dans le coffre une veste sombre et se recoiffe soigneusement. Gomez sourit en le voyant ainsi. Pat se dirige vers l'autre véhicule. Phil: Tu me trouves comment Gomez ? Gomez : Différent . Phil tend son paquet de cigarettes à Gomez. Gomez : Non merci. Phil: Tu crois qu'il y avait combien dans les caisses ? 10 000, 15 000 ? Gomez: Plutôt 20 000, un lendemain de foire... Phil: T'entends ça Pat? Y'a 20 000 dans le sac. Pat : Phil, viens voir ! Phil rejoint Pat qui écoute la radio. Il augmente le volume. C'est un bulletin d'actualités locales La radio: Une chapelle ardente a été installée dans ce village d'ordinaire si tranquille, et l'on peut dire que l'émotion est à son comble. Rappelons que l'agence du Crédit Corrézien a explosée cet aprés-midi faisant quatre victimes. Une explosion qui serait d'origine criminelle, des tyraces d'explosifs ayant été relevées sur le système d'alarme. D'après les premiers éléments de l'enquête, la piste du hold-up est privilégiée. Un employé de la banque, qui pourrait être le seul témoin de cette tragédie a été aperçu en compagnie de ceux inconnus à la sortie du village quelques minutes avant l'explosion.Nous reviendrons tout au long de la soirée sur le hold-up criminel de Meyssac. En attendant, une page.. Phil et Pat se regardent. Ils se rendent bien compte que leur cas s'est sérieusement aggravé. Ils rejoignent Gomez, effondré. Pat : Allez Gomez, on bouge. Gomez: Mais non, c'est ma faute. Pat: Qu'est ce qu'il y a ? Gomez: Mais si c'est moi qui leur ai dit que c'était du bluff. Quand vous êtes rentrés dans la banque, je vous ai suivi du regard tout le temps. Je croyais qu'il y avait pas de bombe. Pat: Mais ça m'a pris vingt secondes. Phil les rejoint, énervé. Phil: Qu'est ce que tu racontes là ? Gomez: Je leur ai dit qu'ils pouvaient bouger, cest moi, c'est de ma faute. Phil : Quel con ! Gomez : C'est moi qui leur ai dit qu'ils pouvaient bouger, c'est tout de ma faute ... Pat: Bon allez, on y va ! Allez ! Pat entraîne Gomez vers la 4x4. Ils démarrent.
14. ROUTE CAMPAGNE - EXT. CREPUSCULE et INT. VOITURE: Une petite route, déserte. Le 4 X 4 se rapproche, et s'éloigne en s'enfonçant dans une forêt. Pat a pris le volant et le contrôle des opérations.
15. FORET - EXT. NUIT: La voiture s'arrête, le moteur continue de tourner. Pat: On va te laisser ici Gomez. Il y a une cabane là. Gomez détache sa ceinture et ouvre la portière. Phil attrape le portefeuille de Gomez dans le sac et lui tend. Phil: On fait comme on a dit Gomez, hein ?. Gomez: Merci. Gomez descend de la voiture et s'enfonce sur le chemin. La voiture démarre et s'éloigne.
16. ABRI - EXT / INT. NUIT: Gomez, entre dans une cabane en pierres. Il s'installe comme il peut et plonge dans ses pensées. Autour de la maison des sons d'oiseaux, des bruits divers, pas très rassurants...
17. ABRI - INT. NUIT: Des craquements de branches, des bruits de pas qui approchent. On entend maintenant distinctement le râle d'un sanglier. Gomez se réveille. Terrorisé, il tâche de suivre les déplacements du sanglier, juste derrière le mur. La bête s'est arrêtée face à lui. Elle semble savoir qu'il est là. Elle souffle. Entre eux, un simple planche et la nuit noire. Le sanglier s'éloigne.
18. ABRI - EXT. PETIT MATIN: Gomez sort de la cabane et se met en route.
19 ROUTE DE FORÊT - EXT. PETIT MATIN: Plus loin, il croise un groupe de chasseurs. Ils chargent dans leur voiture, avec difficulté, le fruit de leur chasse : un sanglier. Gomez marque un temps d'arrêt, avant de reprendre sa route
20. ROUTE DESERTE DE CAMPAGNE - EXT. JOUR : Gomez marche depuis un long moment maintenant. Le soleil est monté dans le ciel. Le spectacle d'un homme marchant sur cette route déserte a quelque chose d'insolite.
21. VILLAGE - EXT.JOUR : Gomez entre dans le village. Il rase les murs.
22. APPARTEMENT GOMEZ - INT. JOUR: Gomez est seul chez lui, sur son lit, les volets presque fermés.
23. VILLAGE - EXT. JOUR : Gomez est dans ses pensées. Il voit la façade détériorée de la banque, le cortège funéraire, le cercueil.
24. APPARTEMENT GOMEZ - INT. JOUR: Gomez sort doucement de ce sale rêve. On vient à frapper à sa porte. Il se lève et se dirige vers les volets entrouverts. Il regarde. Il reste en silence. Il va devoir s'expliquer.
FIN
PRODUCTION : Bianca Films 32, rue Délizy 93 694 Pantin tél : 01 41 83 74 74 / Fax : 01 48 40 73 83 biancafilms@hotmail.com Prod : Pascal Lahmani Réal : Kikos Assistant réal : Jérémie Pattier Régie : Sébastian Saulevitz Nadia Al Saltis Images : Olivier Banon Assistant: Alexandre Szabo-Fresnais scripte :Isabelle Ribis Son : Madone Charpail Guillaume Chevalier Costumes:Babeth Méhu Maquillage: Nina (stéphanie Porteron) Chef électro : Patrick Vaubecourt Renfort électro : Mickael Radquet Machino : Julien Cottret Décorateur: Blandine Ton Van Bernard Tessier
Liste artistique Nicolas ABRAHAM (Gomez)
Mickael Fitoussi (Phil) Eric Defosse dit Rico (Pat) Jacques Develay (le directeur de la banque) Jean-Jacques Vellicitat (jean-jacques) Léna Bréban (Martine) Françoise Armelle (cliente) Martin Belcour (Mr. Laval) Alain Meynard (enchérisseur) Pierre Laval (le client de Martine ?) Maurice Belmont (le client de Martine ?)
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