(pour accompagner votre lecture de sons, veuillez cliquer sur les petites flèches)

 

1. IMMEUBLE, APPARTEMENT GOMEZ / COULOIR - INT. JOUR :

Gomez se réveille en sursaut. Il sort d'un cauchemar qui l'a visiblement épuisé. Il va ouvrir la porte. C'est Martine, sa jeune voisine de palier (la caissière dans « le caissier ») .

Gomez :

Salut Martine.

Martine :

Bonjour François,

(Remarquant la mine défaite de Gomez)

Ça va ?

François :

Il souffle.

J'ai fait un putain de cauchemar...t'étais dedans.

Martine :

Sympa...

Gomez va mieux, il sourit franchement, blagueur.

Gomez :

Je suis content de te voir en vie.

Maintenant c'est Martine qui rit moins, sans trop rien comprendre, mais ça lui fait froid dans le dos.

Martine :

Bon, tu me raconteras ça plus tard, faut que je file. Je voulais juste te rappeler que c'est l'anniversaire de Jean-Jacques demain et qu'on compte sur toi.

Gomez :

Vous pouvez.

Martine :

Bon, j'y vais. A demain François.

Gomez :

Bonne journée.

Il referme la porte.

 

1B. LA VILLE -EXT. JOUR :

Plan large panoramique de la ville depuis le toit terrasse de l'immeuble de Gomez.

1.BIS. HOTEL, COULOIR - INT. JOUR :

Le couloir est vide. Au fond passe une femme de chambre avec son chariot.

 

2. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Mr.Cossé, la cinquantaine usée, est assis à une table. (Pour ceux qui l'ont vu, c'est le patron de la société de gardiennage du « Vigile ») . Il termine d'écrire une lettre. Il signe, met le capuchon sur la pointe de son stylo, qu'il pose soigneusement. Il se lève et va s'installer dans un fauteuil du coin salon de sa chambre. Il allume une cigarette.

 

3. IMMEUBLE - EXT. JOUR :

Gomez sort de son immeuble.

 

3bis : IMMEUBLE, TOIT TERRASSE - EXT. JOUR :

Différentes scènes vues à travers des jumelles: Fred et Magalie (qu'on retrouvera plus tard) qui se retouvent et s'enlaçent quelque part dans la rue   + 1 ou 2 autres sçènes...+ papa et maman pigeon.

Un garçon d'une dizaine d'années, Jean, est assis entre deux cheminées. Il observe la vie à travers une paire de jumelles.

 

4. BAR - TABAC - EXT et INT. JOUR :

Gomez entre dans un bar et s'installe au comptoir et commande un expresso. Il   remarque deux lascars attablés et ayant l'air de mettre au point un plan pas très net . (ce sont les 2 lascars du « caissier »). Il sourit.

5. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Mr. Cossé écrase le mégot dans un cendrier, prend un revolver posé sur la table, le place dans sa bouche.

 

6. HOTEL, CHAMBRE 800 - INT. JOUR :

Une femme de chambre entend le coup de feu. Apeurée, elle tend l'oreille et repose dans son chariot les draps qu'elle tenait sans ses mains.

 

7. IMMEUBLE, TOIT TERRASSE - EXT. JOUR :

La balle atterrit un pâté de maison plus loin, sur le toit de immeuble où Jean s'était installé.

 

8. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Mr.Cossé tombe lourdement au sol. On distingue l'impact de la balle sur la fenêtre derrière lui. Le vent s'engouffre par le carreau cassé, soulève les lettres posées sur le bureau et les éparpille dans la chambre.

 

9. HOTEL, CHAMBRE 800 - INT. JOUR :

La femme de chambre est au téléphone dans la chambre qu'elle était en train de faire.

La femme de chambre :

...je suis sûr que c'était un coup de feu.

Un temps

Oui Monsieur, je me calme.

Un temps

D'accord, je vous attends....mais faîtes vite, il y a peut-être un fou furieux en liberté...

 

9 BIS. HOTEL RECEPTION - INT.JOUR :

Le concierge raccroche et se dirige vers les ascenseurs.

 

10. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Une lettre s'envole en direction du carreau cassé et vient tournoyer autour du trou.

Le corps de Mr.Cossé est inerte, immobile. Il est visiblement mort.

 

11. IMMEUBLE, TOIT TERRASSE -   EXT. JOUR :

Le petit garçon observe la balle venue rouler à trente centimètres de lui.   Pensant que c'est un caillou, il la prend dans sa main et la lâche immédiatement. Elle est brûlante.

Il regarde autour de lui, semble terrifié, se relève, ouvre la porte du toit et s'engage en courant dans les escaliers.

 

12. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Mr. Cossé gît à terre. Il gémit. Il regarde en direction de la lettre qui semble vouloir s'échapper par le carreau cassé.

 

13. IMMEUBLE, CAGE D'ESCALIER - INT. JOUR :

Jean dévale les escaliers quatre à quatre et se télescope à Gomez qui lui montait les marches.

Gomez :

Qu'est ce qu'il t'arrive ?

Jean : (paniqué)

Là-haut, on m'a tiré dessus avec un flingue. J'étais assis...

Gomez : (il interrompt l'enfant et tente de le calmer)

Calme toi.

Qu'est ce que tu racontes ?

Jean : (essoufflé)

Là-haut, on m'a tiré dessus avec un flingue. J'étais assis tranquillement, je regardais les pigeons et d'un seul coup, pan ! Une balle est tombée à vingt centimètres de moi. Si je m'étais assis là où je me mets d'habitude je serai mort. C'est vrai hein !

Gomez est circonspect.

     Jean :

     Vous voulez venir voir ?

 

14. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Mr. Cossé essaie de bouger en direction de la lettre qu'il voudrait rattraper. Il avance centimètre par centimètre.

 

15. HOTEL, COULOIR   / CHAMBRE 800 - INT. JOUR :

La porte de l'ascenseur s'ouvre sur un homme. C'est le concierge de l'immeuble. La porte d'une chambre s'ouvre lentement. La femme de chambre apparaît et appelle le concierge en chuchotant.

La femme de chambre désigne le couloir qui dessert une aile de l'hôtel.

La femme de chambre :

Ca venait de là-bas.

Ils s'engagent dans la direction indiquée.

Le concierge :

On va vérifier. Calmez vous.

Il frappe à une porte, .

Un client :

Oui ?

Le concierge :

Excusez-moi de vous déranger Monsieur, c'est le concierge de l'hôtel.

Un client :

Je vous écoute.

Le concierge :

Est ce que vous auriez entendu quelque chose qui pourrait ressembler à un coup de feu au cours des dix dernières minutes ?

La porte s'ouvre lentement sur un homme en caleçon et tee-shirt. Ils se saluent.

Des coups de feu se font vite entendre du poste de télé. Le concierge se tourne vers la femme de chambre qui fait non d'un signe de tête.

 

16. IMMEUBLE, TOIT TERRASSE - EXT. JOUR :

Jean et Gomez arrivent sur les lieux. Le gosse montre la balle.

Jean :

Voilà, c'est là.

Gomez se penche pour l'attraper.

Jean :

Faut pas y toucher. C'est une preuve pour la police

Gomez :

T'inquiète pas.

Il s'en saisit et la regarde attentivement.

Jean :

Vous allez avoir des ennuis.

Gomez :

C'est une vraie balle. Si tu m'as pas raconté de bêtises, on peut dire que t'as eu de la chance.

 

16.BIS. HOTEL, COULOIR - INT. JOUR :

Le concierge frappe à une autre porte. Pas de réponse. Il regarde la femme de chambre qui prend peur encore d'avantage. Ça doit être là. Il ouvre la porte à l'aide d'un passe-partout et ils entrent dans la chambre.

 

17.HOTEL, CHAMBRE 804 - INT. JOUR :

Pas de problème ici. Tout est en ordre. Un pantalon suspendu sans un pli sur le dossier du fauteuil, des affaires personnelles soigneusement disposées sur la table de nuit. (L'occupant est à un salon à Villepinte).

Le concierge :

Essayons la suivante.

 

18. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Trop tard, la lettre s'envole. Mr.Cossé n'a pu la rattraper à temps. Ses lèvres bougent, mais rien ne sort, si ce n'est plus de sang et de souffrance.

 

19. RUE - EXT. JOUR :

La lettre flotte au vent, à vingt mètres au-dessus d'une rue animée.

 

20. IMMEUBLE, PALIER APPARTEMENT JEAN - INT. JOUR :

Jean arrive devant la porte de chez lui. Il semble gêné, puis sonne.

Gomez : (surpris)

T'as pas la clé de chez toi ? A ton âge ?

Jean : (vexé)

Bien sûr que j'ai la clé !

Et il ouvre la porte avec sa clé.

22. IMMEUBLE, APPARTEMENT JEAN -   INT. JOUR :

Jean entre chez lui suivi de Gomez, et referme la porte derrière eux.

Jean :

Hé ! maman, t'es là ?

Nathalie, la mère de Jean, apparaît dans le couloir.

Nathalie:

Qu'est ce qu'il y a mon chéri ?

Elle aperçoit Gomez. Elle se retourne promptement en boutonnant son peignoir, et entre de nouveau dans la pièce d'où elle venait.

Nathalie:

Oh excusez-moi. Tu aurais pu me dire que tu étais avec quelqu'un !

23. RUE - EXT . JOUR :

Un couple de trentenaires sort d'un café. Ils sont très guillerets. Elle s'appelle Magalie .(déjà vue dans « une séparation »). Lui c'est Fred (le voleur du « vigile »)

Magalie :

Tu fais quoi maintenant ? T'es sûr de devoir passer au bureau ?

Fred :

Pas vraiment, je peux y aller plus tard. Pourquoi ?

Magalie : (coquine)

Tu sais ce que j'ai envie de faire ?

Fred : (amusé)

J'ai une petite idée...

Elle se rapproche de lui, et lui passe ses bras autour de la taille. Elle se serre contre lui. Elle lui chuchote à l'oreille des mots sûrement très évocateurs puisque Fred se laisse très facilement gagné par la même envie que Magalie. Il lui parle à son tour dans le creux de l'oreille. Ils sont bien excités tous les deux.

Fred :

En venant, je suis passé devant un hôtel sur la grande avenue un peu plus bas.

(sourire)

J'appelle le bureau.

 

Magalie acquiesce, très enthousiaste.

24. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Mr. Cossé ne peut que remonter très lentement les genoux sur la moquette et avancer ainsi de quelques centimètres à la minute. Il regarde en direction du téléphone posé sur la table de nuit à un mètre de lui.

 

25. IMMEUBLE, APPARTEMENT   JEAN - INT. JOUR :

Nathalie réapparaît un peu moins chiffonnée.

Nathalie:

(à François, courtoise et étonnée de voir Gomez chez elle)

Bonjour...

(à son fils)

Alors, qu'est ce qui se passe ?

Jean :

J'étais là-haut sur le toit, je regardais les pigeons et on a essayé de me flinguer.

La maman du gosse est abasourdie et se tourne vers Gomez.

Gomez :

J'ai croisé Jean qui dévalait les escaliers alors je lui ai demandé si quelque chose n'allait pas et on est allé sur le toit et...

Il ouvre sa main et montre la balle.

Nathalie:

Vous êtes sûr que ce n'est pas un de ses coups montés ?   Parce qu'il a une imagination celui-là. J'espère que non Jean, hein ?

Jean regarde sa mère d'un air effronté.

Gomez :

Je ne crois pas, non. Il avait l'air tellement effrayé...

  Nathalie:

Comment vous vous appelez ?

Gomez :

François. On est voisin, j'habite au 78, un peu plus haut..

Nathalie:

Si vous pensez qu'il dit la vérité, je veux dire, même si c'est juste quelqu'un qui tire sur les pigeons, je pense qu'il faut quand même appeler la police, non ?

Gomez :

Je crois.

Nathalie:

Vous voulez bien le faire François ?

Gomez sourit. Il va le faire.

 

26. RUE - EXT . JOUR :

Fred est au téléphone, Magalie attend. Puis elle aperçoit une lettre qui plane et

atterrit devant elle.

 

27. HOTEL, COULOIR - INT. JOUR :

Le concierge s'arrête net et stoppe la femme de chambre par le bras.

Le concierge :

Vous avez entendu ?

La femme de chambre : (apeurée)

Entendu quoi ?

Le concierge :

Comme le bruit d'un téléphone qui tombe par terre, une tonalité, très brève. Ça venait du fond du couloir.

Et ils se mettent à marcher.

 

28. RUE - EXT . JOUR :

Magalie se penche et ramasse la lettre. Fred en a fini avec son coup de fil et la rejoint.

Fred :

Qu'est ce que c'est ?

Magalie : (déconnante)

Un message tombé du ciel.

Fred :

Pardon ?

Magalie :

Elle m'est tombée dessus !

« Chère maman ». La lettre commence comme ça. Elle est adressée à la mère de ce type, Jean-Claude. Belle écriture.

Fred :

T'es pas si pressée que ça...

Magalie :

Laisse-moi lire, ça m'excite...

Fred :

Alors...

 

29. HOTEL, RECEPTION - INT. JOUR :

Le téléphone sonne, cela vient d'une chambre. Martine, la standardiste (voisine de Gomez) décroche.

Martine, la standardiste :

La réception, à votre service. Allo ? ...Allo ? ...Vous m'entendez ?

A l'autre bout du fil, rien.

Martine :

Allo, ici le standard, je peux vous être utile ?

Après un temps, une respiration difficile, inquiétante, se fait entendre. Martine s'écarte du téléphone, puis se ressaisit.

Martine : (fébrile)

Allo ? je peux vous aider.

 

30. HOTEL, COULOIR / CHAMBRE 822 - INT. JOUR :

Une cliente, tirée à quatre épingles, dans l'encadrement de la porte de sa chambre. (on reconnaît la vendeuse de vêtements du « Vigile» .)

La cliente du 822 :

Un téléphone tombé par terre ? Depuis quand on envoie la sécurité pour un téléphone tombé par terre ?

Le concierge :

C'est lié à une autre affaire. Il y a peut-être eu un accident à cet étage.

La cliente du 822 :

Jean-François ? Tu as fait tomber le téléphone récemment ?

Homme (off, de loin) :

Non ! ou je m'en suis pas rendu compte !

La cliente du 822 :

Quel est le problème, je vous prie ? Je suis inquiète maintenant.

Le concierge :

Il n'y a pas de quoi. C'est juste qu'Anna...

Anna, la femme de chambre :

Bonjour Madame...

La cliente du 822 :

Bonjour...

Le concierge :

Anna a cru entendre tout à l'heure un petit bruit qui ressemblait à un coup de feu...

La cliente du 822 :

Jean-François ! Est ce que tu as entendu quelque chose qui pouvait ressembler à un coup de feu tout à l'heure ?

Un homme se rapproche, une serviette à la taille .( C'est Galotte, le boss de la cliente dans  « le vigile »)

Jean-François:

Justement. Quand tu étais sous la douche, j'étais assis sur le lit et y a eu comme un coup de feu. Mais d'où ça venait ? alors là...Pourquoi ?

 

31. IMMEUBLE, APPARTEMENT   JEAN - INT. JOUR :

Gomez, Jean et sa mère Nathalie sont regroupés autour du téléphone. Le haut-parleur du téléphone est activé.

Gomez :

Je veux bien que vous ayez du travail mais là, il s'agit quand même d'une balle qui a atterri à quelques centimètres d'un gosse, en pleine ville.

  La voix d'un policier dans le téléphone :

  Il n'y a pas de blessé ?

Gomez :

Non

La voix d'un policier dans le téléphone :

Bon, et puis vous n'avez qu'à interdire votre enfant d'aller sur le toit de l'immeuble, c'est pas prudent.

Gomez :

C'est pas mon enfant je suis un voisin, mais je ne vois pas en quoi ça vous regarde.

Un temps

La voix d'un policier dans le téléphone :

Je vais quand même enregistrer votre déposition, pour archive. Votre nom Monsieur ?

Gomez :

François Gomez.

32. RUE - EXT. JOUR :

Magalie reprend la lecture de la lettre tombée du ciel. Enjouée au début, elle change vite de ton.

Magalie :

« Excuse-moi pour toute la tristesse que ma mort survenue de cette manière pourra te causer, et pour mon manque de respect à toute la famille. Tout ce que je te demande, c'est d'essayer de me comprendre. J'y pensai depuis plus d'un an. J'ai tout essayé pour m'en sortir, mais ma situation n'a fait que s'empirer. Mon affaire s'est cassé la gueule peu après que Sarah et les enfants soient partis. Je ne t'avais rien dit pour t'épargner des soucis. Mes amis m'ont peu à peu laissé tomber. Je crois que je leur faisait pitié... »

(à Fred)

Je ne peux pas continuer.

Elle donne la lettre à Fred et se met à pleurer.

Fred :

Tu parles d'une blague !

Magalie :

Tu crois que quelqu'un serait assez tordu pour imaginer une plaisanterie comme celle-là ?

Fred : (voulant la rassurer)

Oui...

Magalie :

Mais celui qui l'a écrit, il a même marqué le nom de sa mère, son adresse et son numéro de téléphone en haut de la page. Pourquoi il aurait mis tous ces détails ?

Fred :

Justement, pour que ce soit crédible.

Magalie :

Toi, tu trouves normal d'écrire une lettre comme ça pour déconner ?

Tu trouves ça drôle ?

Fred :

J'ai pas dit ça ! Mais je suis désolé, des tordus, il y en a plein.

Il se met à lire à son tour :

Fred :

« ...des soucis...etc...faisait pitié...etc...Je suis malade, je ne suis plus capable de réfléchir. Toute cette histoire est à cause de mon émotivité maladive. Je suis désolé maman. Je t'aime. Je m'en veux de t'infliger toute cette douleur. C'est idiot, mais si je pouvais vivre, ce serait surtout pour t'épargner la douleur de ma mort. Ton fils, Jean-Claude. »

(à Magalie) :

Je crois que tu as raison, c'est pas une blague. On devrait prévenir la Police. Il faut que la mère reçoive cette lettre.

Magalie :

Non, il vaut mieux pas. Ce serait pire pour elle. Elle la relirait tout le temps.

Magalie arrache la lettre des mains de Fred, la déchire et jette les morceaux sur la route puis traverse en courant et tourne au coin de la rue.

 

33. IMMEUBLE, APPARTEMENT   JEAN / SALON - INT. JOUR :

Gomez boit un café, en compagnie de Jean et de sa mère Nathalie.

Gomez: (à Jean, blagueur)

Tu crois qu'ils vont m'arrêter ?

Jean hausse les épaules, indécis.

Gomez :

Si j'avais su, je t'aurais laissé descendre les escaliers sans broncher. Je n'aurais jamais dû sortir de mon appartement. Tout ça pour acheter des clopes ! Je vais avoir un cancer et je vais me retrouver en prison.

Jean sourit franchement.

Gomez :

En fait je n'aurais jamais dû tirer ma première taffe. Tout le monde me disait : « Ne tire pas ta première taffe, ça ne t'apportera que des embrouilles ». Ils ne croyaient pas si bien dire. Et toi Jean tu fumes ?

Jean :

Moi ? j'ai que 10 ans.

Gomez :

Eh bien ne t'y mets pas, tu m'entends ? Que ça te serve de leçon.

La maman de Jean est amusée, séduite.

 

34. HOTEL, BUREAU DU DIRECTEUR - INT. JOUR :

Martine, la   standardiste est à la porte du bureau du directeur. Ce dernier l'écoute dans son fauteuil.

Martine :

C'est le client de la 823. Il m'a appelé depuis un moment déjà, mais quand je lui demande ce que je peux faire, tout ce que j'entends c'est une respiration...difficile, vous voyez ?

Le directeur :

Vous avez vérifié si il y a un enfant en bas âge, ou si c'est un couple. Ils ont peut être renversé le téléphone sans le faire exprés en faisant l'amour.

Martine :

Non non, c'est un certain Monsieur Cossé. Il a réservé une chambre pour deux, mais il est tout seul.

 

      Le directeur prend la chose au sérieux et se lève.

Le directeur :

Voyons ça!

 

35. HOTEL, RECEPTION - INT. JOUR :

Martine rejoint son poste de travail suivie du directeur. Elle reprend le combiné resté en attente et met le haut-parleur.

Martine :

Allo   Monsieur Cossé ? C'est encore la standardiste. Vous avez un problème ? Mr. Cossé ?

Une respiration faible et laborieuse se fait entendre. Martine pose sa main devant le combiné.

Martine : (au directeur)

Vous voyez.

Le directeur :

Appelez-moi le concierge s'il vous plaît.

 

36. HOTEL, CHAMBRE 816 -   INT. JOUR :

On frappe à la porte. On appelle « Mr.Cossé ». C'est la voix du concierge. Sans réponse.

La porte s'ouvre. Le concierge entre dans la chambre, suivie d'Anna. Cette dernière est horrifiée par ce qu'elle découvre. Elle sort de la chambre en criant.

 

37. HOTEL, COULOIR - INT. JOUR :

La porte de l'ascenseur s'ouvre sur le couloir. Le directeur se dirige vers la chambre 816.

 

38. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Il entre dans la chambre et se dirige vers Mr.Cossé, gisant au sol. Le concierge est en train de téléphoner au standard pour commander une ambulance. Le directeur s'agenouille à côté de Mr .Cossé.

Le directeur :

Une ambulance nnsera là d'une minute à l'autre Monsieur Cossé. Je suis le directeur de l'hôtel. Essayez de vous décontracter. Ne parlez pas.

 

39. BAR - INT. JOUR :

A travers les vitres d'un bar, Fred aperçoit Magalie accoudée au comptoir. Il entre et la rejoint. Elle avale des grandes cuillerées de chantilly qui nappe son chocolat chaud. Il s'assied à côté d'elle, et fait tomber les bouts de papiers de sa main sur le comptoir.

Fred :

Je crois que je les ai tous. Il faut absolument que sa mère reçoive ce message.

Magalie :

Oublions qu'on l'a jamais lu, qu'on l'a jamais trouvé.

Fred :

Comment ça ?   Ecoute ça, si ça se trouve, le type qui a écrit ce message disait la vérité, mais il s'est peut être pas encore suicidé. Peut-être que ce message est tombé de sa poche et qu'il est encore en vie. On n'a pas le droit de ne rien faire. Il faut prévenir les flics.

 

40. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Monsieur Cossé aimerait pouvoir dire aux ambulanciers de le hisser plus doucement sur la civière, mais aucun mot ne sort de sa bouche.

 

41. IMMEUBLE, APPARTEMENT JEAN SALON / CUISINE - INT. JOUR :

Jean est en train de jouer de la guitare sur le canapé. Gomez se lève et apporte sa tasse à café dans la cuisine. Nathalie lui prend des mains.

Nathalie :

Merci

Gomez :

Vous avez prévu quelque chose pour le dîner ce soir ?

Nathalie :

Trois fois rien. Jean passe la soirée chez son père.

Gomez :

Je l'ai déjà croisé dans l'escalier. Vous aussi d'ailleurs.

Nathalie :

Moi aussi je vous ai déjà vu. Je m'étais dit que vous deviez travailler la nuit, parce qu'à chaque fois que je vous ai vu c'était pendant la journée.

Gomez :

Je fais de la rédaction de brochures techniques. Tant que je remets mon travail dans les temps, je peux travailler à la   maison.

Nathalie :

Ah oui, c'est bien comme boulot. Mais moi, écrire...c'est pas trop mon truc.

A quelle heure ce soir?

 

42. BAR - INT. JOUR :

Fred a son portable à l'oreille. Magalie s'est faîte servir un supplément de chantilly.

Fred :

...elle a plané un moment et puis elle est tombée devant nous, comme ça. Bon, elle est un peu déchirée maintenant mais j'ai tous les morceaux. Et avec un   rouleau de scotch on peut facilement la reconstituer. Mon amie ne voulait pas croire à ce message. Le type est mort ?

...

Très bien, on ne bouge pas.

Il raccroche.

(à Magalie)

Le type s'est tiré une balle dans la tête, mais il est encore en vie. Tu te rends compte ?

Il nous envoie quelqu'un pour récupérer la lettre.

Magalie ramasse les morceaux de papier sur le comptoir et s'enfuit en courant. Fred part à sa poursuite.

 

43. HOTEL, RECEPTION - INT. JOUR :

Martine a l'air bouleversé par cette affaire. Le directeur sort de son bureau.

Le directeur :

Prévenez la femme de chambre s'il vous plaît. Qu'elle se tienne prête à nettoyer la chambre dès que la Police aura terminé son travail.

Martine :

Bien Monsieur.

Elle prend le téléphone.

 

44. RUE   TROTTOIR - EXT .JOUR :

Fred tâche de rattraper Magalie qui est déjà dans un taxi. Le taxi démarre tandis que Fred tente d'ouvrir la portière. Elle est verrouillée. Fred court à côté du véhicule sur quelques mètres.

Fred :

T'es dingue ! Les flics viennent chercher le message. Magalie ! Ils ont pris mon nom.

Le taxi s'éloigne. Des bouts de papier sortent peu à peu par la fenêtre du véhicule.

 

45. HOTEL, CHAMBRE 816 - INT. JOUR :

Deux gendarmes sont dans la chambre. Ils rangent soigneusement tous les objets personnels de Mr. Cossé dans des pochettes transparentes et des cartons adéquats. L'un des deux   ramasse précautionneusement   deux lettres qui avaient également volé au sol lors de la chute de Mr. Cossé. Il se relève et examine la première. Puis la seconde. Enfin, il les range dans une pochette. La femme de chambre, Anna arrive sur le pas de la porte avec son chariot.

Sur ces images,

Mr. Cossé (voix off) :

« Sarah,

Fais comme bon te semble pour annoncer ma mort aux enfants. Tu t'en es toujours bien sortie avec eux. Bien entendu, le peu qui me reste te revient, à toi et aux enfants. J'ai quelques actions douteuses et une police d'assurance. Ainsi que tout ce que j'oublie. La voiture par exemple. Elle est sur le parking de l'hôtel. Ainsi que tout ce qui se trouve dans notre ancien appartement. Mon amour de toujours. Excuse-moi pour les difficultés que ma mort va te causer. Je te demande pardon pour la honte et la colère qu'éprouveront les enfants. Je les aime. Je prie pour qu'ils aient un père plus raisonnable. Je t'aime, Jean-Claude. »

Les policiers ont fini leur travail. Celui qui lisait les lettres a terminé de les ranger.

Le policier :

La chambre est à vous Mademoiselle.

Ils sortent. Anna pousse son chariot d'entretien à l'intérieur de la chambre.

Lentement, elle se met au travail. Elle commence par passer l'aspirateur sur les bris de verre de la fenêtre, et la lampe en porcelaine cassée en mille morceaux. Les gros morceaux vont dans la poubelle du chariot.

Sur ces images, depuis le départ des policiers, on entend en voix off, de nouveau Mr Cossé. La seconde lettre.

Mr. Cossé : (voix off)

« Guy, mon ami,

Je crois que tu es bien la dernière personne qui me demanderait des explications, n'est ce pas ?

Acceptez mes voeux de bonheur, toi, Sandrine et les enfants. Merci pour toutes ces années d'amitié, et tous mes regrets pour notre récente brouille. Jean-Claude. »

Puis, Anna arrête l'aspirateur. Elle regarde la moquette tachée, le sang séché. Elle prend dans son chariot des gants en caoutchouc qu'elle enfile.

46. IMMEUBLE, APPARTEMENT GOMEZ   -   INT. JOUR  :

Gomez   rentre dans son appartement. Il est guilleret. Il ouvre la fenêtre donnant sur la cité. Il s'allume une cigarette et savoure.

 

FIN

 

 

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