| SŽlection large des textes envisagŽs pour le film (il Žtait prŽvu que peu ˆ peu la sŽlection s'affine, en fonction des personnes trouvŽes pour interprŽter les textes).
        
       
        
         
        
       
        
        Le Roi Lear
        
       
        
         (I,1) LEAR Qu'au tombeau, ma paix soit aussi totale Que ce desschement d'un cÏur paternel 
        
       
        
         (I,1, Cordelia) J'en supplie votre majestŽ une fois encore! C'est vrai, je n'ai pas l'art spŽcieux, huileux,  D'annoncer sans tenir, car, ce que je veux faire, Je le fais avant d'en parlerÉ Dites bien, cependant, Que ce n'est rien d'inf‰me, crime ou souillure, Rien d'impudique, et nul faux pas hors de l'honneur  Qui m'a privŽ de vos bonnes gr‰ces, Mais simplement le manque, qui m'enrichit, D'un Ïil toujours ˆ quŽmander, et d'une sorte de langue Que je suis fort heureuse de n'avoir pas, Bien que cela me prive de votre amour. 
        
       
        
         (I,1, LEAR) Mieux ežt valu n'tre pas nŽe Plut™t que tant me dŽplaire. 
        
       
        
         (I,1 France) Trs pure CordŽlia, dans ta pauvretŽ la plus riche, Et la plus digne d'tre Žlue, ™ dŽlaissŽe, Et toi que j'aime tant, oui, bien que mŽprisŽe, ƒcoute : je me saisis de tes vertus et de toi, Qu'il soit permis que je prenne ce qui a ŽtŽ rejetŽ. Dieux! Qu'il est Žtrange que votre manque d'Žgards  Envers elle, et votre froideur, ce soit cela qui Žchauffe  Mon amour et le porte ˆ un respect plein de feu! 
        
       
        
         (I, 4, Lear) O trs chre dŽesse, Nature, Žcoute-moi, Žcoute, Žcoute! Tes rojets, abandonne-les, si tu voulais rendre  Cette crŽature fŽconde! Porte en son sein La stŽrŽlitŽ? Ses organes d'engendrement,  Dessche-les, et fais que de son corps Avili, un enfant jamais ne surgisse Pour l'honore. Ou s'il faut qu'elle enfante Fais-lui un fils de fiel, et qui n'ait de vie Que pour la tourmenter de ses embžches ingrates! Que sur son jeune front il imprime des rides, Qu'il creuse avec des pleurs des sillions sur ses joues, Qu'il fasse de ses peines, de ses soins Matire de mŽpris, de rireÉ - et qu'elle sente  Combien c'est plus aigu, un enfant ingrat,  Que la dent du serpent! Ah que je parte Loin d'ici, loin d'ici! 
        
       
        
         (I,4 Lear) Vie et mort! Que je suis honteux Que tu aies le pouvoir d'Žbranler ainsi mon cÏur d'homme, Et que ces chaudes larmes, qui jaillissent contre mon grŽ, Te fassent digne d'elles! Oh, temptes, flagellez-la, Et vous brouillards nocifs! Que les incurables blessures  De la malŽdiction d'un pre te dŽchirent En chacun de tes sens! Vieux tendres yeux,  Si pour ce motif-lˆ vous pleurez encore, Je vous arrache et vous jette, avec l'eau que vous rŽpandez Pour attendrir la pierre! En sommes-nous donc lˆ? Soit! 
        
       
        
         (II, 3, Lear) Ne me rassotez pas au point que je souffre  Comme une bte soumise. PŽnŽtrz-moi  D'une haute colre, - et faites que mes joues ne soient pas souillŽes De pleurs, ces armes de la femme. Vous pensez que je vais pleurer, Non, non, je ne pleurerai pas. J'ai certes toutes Les raisons de le faire, mais ce cÏur-lˆ Eclatera en cent mille morceaux Avant que je ne pleure. O fou, je deviens fou! 
        
       
        
         (IV, 1, Gloucester) Des mouches dans la main d'un enfant espigle, Voilˆ ce que nous sommes pour les dieux. Ils nous tuent pour ses divertir. 
        
       
        
         (IV, 6, Lear) Mourir pour un adultre? Que non! Le roitelet s'y roule, et la petite mouche dorŽe Fait juste sous mes yeux ses lubricitŽs. Que la copulation prospre! Car le fils b‰tard de Gloucester Fut plus doux pour son pre que mes filles Qui furent engendrŽes dans les draps lŽgitimes. Vas-y luxure! Et ple-mle! Car il me faut des soldats. Oh, voyez-moi lˆ-bas cette minaudire donzelle Dont la mine fait croire ˆ des cuisses pleines de neige, Qui singe la vertu, et secoue la tte Ds qu'elle entend le nom de quelque plaisir. Et pourtant le putois ni l'Žtalon que l'on gave N'y vont pas avec plus de furieux dŽsirs. Au-dessous de la taille : centauresses! Bien que femmes plus haut. Jusqu'ˆ la ceinture les dieux gouvernent, En dessous, c'est l'empire de tous les diables, C'est l'enfer, c'est la nuit, c'est la fosse pleine de soufre, C'est tout ce qui bržle, qui Žbouillante, tout ce qui pue, Qui dŽvore. 
        
       
        
         (IV, 6, Lear) Sois courageux! Nous venons pleurant dans ce monde, Nous vagissons et pleurons, tu le sais, aussit™t notre premier souffle. Quand nous naissons, nous pleurons de venir dans ce grand thމtre de fousÉ 
        
       
        
         Ah, a ferait d'une homme une statue de sel D'utiliser ses yeux comme des arrosoirs, Oui, pour coucher la poussire d'automneÉ Je veux mourir en beautŽ, Comme un mariŽ, tirŽ ˆ quatre Žpingles : mais oui, joyeux! 
        
       
        
         (IV, 7, Lear) Je vous en prie, ne vous moquez pas de moi. Je suis un trs vieil homme trs sot, trs fou, De quatre-vingt ans et plus, non, pas une heure De plus, de moins; et, pour parler franc, je redoute De ne plus tre au mieux de ma raison. Je vous connais, il me semble, et cet homme aussi,  Mais je reste incertain; car, avant tout, j'ignore Quel est ce lieu; et de toute ma tte Je ne puis rien tirer sur ces vtements; et ne sais O j'ai logŽ cette nuit. Ne riez pas de moi, Mais, aussi vrai que je suis un homme,É 
        
       
        
         (V, 1, Edmond) A chacune de ces deux sÏurs, j'ai fait un serment d'amour. Et chacun souponne l'autre, ˆ peu prs autant Que l'homme mordu la vipre proche. Laquelle donc vais-je prendre? Toutes les deux? Ou l'une? Ou bien aucune? En fait, il est exclu Que je profite d'aucune, si toutes deux  Doivent rester en vie? 
        
       
        
         (V, 2, Edgard) Quoi, une fois de plus ces pensŽes malsaines? Il faut, pourtant, Que les hommes endurent leur dŽpart Comme ils acceptent leur venue. Car l'essentiel, C'est que le fruit mžrisse. 
        
       
        
         (V, 3, Lear) Non, non, non, non! Viens, allons-nous en prison. Nous deux tous seuls chanterons comme des oiseaux dans leur cage. Quand tu demanderas que je te bŽnisse, je me mettrai ˆ genoux Et te demanderai que tu me pardonnes. Ainsi vivrons-nous En priant et chantant et nous contant de vieilles lŽgendes, Et riant aux papillons d'or. Nous Žcouterons De pauvres diables parler des nouveautŽs de la Cour Et, nous aussi, nous parlerons avec eux, De qui perd et qui gagne, de qui est en faveur et de qui Est tombŽ en disgr‰ce. Nous prendrons sur nous d'expliquer Le mystre des choses, tout comme si Nous Žtions des espions envoyŽs par Dieu; et, ainsi, Entre les murs de notre ge™le, nous survivronsÉ 
        
       
        
         (V, 3, Edgar) Est-ce si doux, cette vie, Qu'on puisse prŽfŽrer souffrir mille morts, Plut™t que d'en finir une fois pour toutes! 
        
       
        
         (V, 3, Lear) Pourquoi un chien vivrait-il, un cheval, un rat, Quand, toi, tu n'as plus de souffle? 
        
       
        
         
        
       
        
         Hamlet 
        
       
        
         
        
       
        
         (I, 2, Hamlet) Oh! Si cette chair – trop, trop solide – pouvait fondre, Et dans ce dŽgel se dissoudre en rosŽe, Ou si l'Eternel n'avait pas ŽdictŽ sa loi Contre le meurtre de soi-mme ! ï Dieu ! ï Dieu! Comme me semble lassant, rebattu, insipide Et ne menant ˆ rien, tout ce qu'on fait au monde ! Pouah, quelle horreur ! C'est un jardin envahi d'herbes Qui montent en graine. Seul ce qui est Žpais  Et grossier y rgne. 
        
       
        
         (I, 5, Hamlet) Tiens bon, tiens bon, mon cÏur, Et vous mes nerfs, ne vieillissez pas tout d'un coup, Mais soutenez-moi ferme. Me souvenir de toi? Oui, pauvre spectre, tant que durera la mŽmoire en ce globe ŽgarŽ. Me souvenir de toi? Oui, j'effacerai des tablettes de ma mŽmoire Tout ce qui y fut inscrit de futile et de sot, Tout adage livresque, image, impression passŽe, Que ma dŽfŽrente jeunesse y a copiŽs 
        
       
        
         (II, 2, Hamlet) J'ai depuis peu – mais pour quelle raison, je ne sais – perdu toute ma gaietŽ, dŽlaissŽ mes exercices habituels et, en vŽritŽ, je suis sous le poids d'un tel accablement que ce superbe Ždifice, la terre, me semble un promontoire stŽrile. Quel chef d'Ïuvre qu'un homme! Et cependant qu'est pour moi, cette quintessence de poussire? L'homme ne m'enchante pas – non, ni la femme non plus. 
        
       
        
         
        
       
        
         (II,  2, Hamlet) Triste incapable, cÏur mal trempŽ, je me morfonds, Comme un qui rvasse, insensible ˆ ma cause, Sans pouvoir dire un mot É Suis-je un poltron? É Eh bien, quel ‰ne je fais! Oui pour sžr, il est beau que moiÉ J'aille, comme une pute, dŽcharger mon cÏur en paroles Et me mette ˆ jurer comme une vraie trainŽe. 
        
       
        
         (III, 1, Hamlet) ætre ou ne pas tre, voilˆ la question : Savoir s'il est plus noble pour l'esprit d'endurer Les coups de fronde, les flches de l'outrageuse fortune Ou de prendre les armes contre une mer d'Žpreuves, Et, s'y opposant, les finir. Mourir, dormir ) Pas plus, et par un sommeil dire qu'on met fin Aux angoisses et aux mille Žtreintes naturelles Dont hŽrite la chair – C'est un achvement  A dŽsirer avec ferveur. Mourir, dormir. Dormir, rver peut-tre. 
        
       
        
         (III, 2, Hamlet) C'est l'heure maintenant des sorcelleries de la nuit, O baillent les cimetires, o les exalaisons de l'enfer Contaminent le monde. C'est maintenant que je pourrais boire Du sang chaud et faire des chises si atroces que le jour FrŽmirait de les voir. 
        
       
        
         (III, 4, Hamlet) ï honte, o sont tes rougeurs? 
        
       
        
         (IV, 7, Gertrude) Il est un saule au-dessus d'un ruisseau,  Qui mire dans les eaux ses feuilles argentŽesÉ Comme elle se hissait Aux branches qui retombent, afin d'y accrocher  Sa couronnes de fleurs, un rameau malveillant S'Žtant cassŽ, elle tombe, avec ses trophŽes d'herbes, Dans le ruisseau en pleurs. Largement dŽployŽs, Un moment ses habits la portent, et sirne, Elle chantonne alors des bribes de vieuxx airs, Comme Žtant inconsciente de sa propre dŽtresse, Ou tel un tre nŽ et vivant ˆ son aise Dans cet ŽlŽment-lˆ. Mais il fallut bient™t  Qu'alourdis d'avoir bu ses vtement finissent  Par arracher la pauvre ˆ son chant mŽlodieux, L'entra”nant dans un noueux trŽpas. 
        
       
        
         (V, 2, Hamlet) Si c'est maintenant, ce n'est pas ˆ venir. Si ce n'est pas ˆ venir, ce sera maintenant. Si ce n'est pas maintenant, cela viendra pourtant. Le tout est d'tre prt. Puisqu'on a rien qu'on laisse, qu'est-ce donc de partir t™t? 
        
       
        
         
        
       
        
         Comme il vous plaira
        
       
        
         I,2, Orlando Qu'est-ce que cet Žmoi qui pse sur ma langue? Elle voulait vraiment que nous parlions, et moi  Qui ne peux dire un mot! O pauvre Orlando, on t'a clouŽ au sol. Est-ce Charles qui te terrasse, N'est-ce pas un tre de moins de muscles? 
        
       
        
         I,3, RosalindeAh, que la vie est quotidienne, partout des ronces. 
        
       
        
         II, 1, Le ducEh bien, mes compagnons, mes frres d'exil, Nos habitudes d'ˆ prŽsent, si bien ancrŽes, N'assurent-elles pas ˆ notre vie Plus d'agrŽment que la pompe et le fard?É Si le vent d'hiver De sa dent de glace me troue, s'il m'enveloppe  Des hargnes de son souffle, eh bien, oui, je grelotte, Je me recroqueville, mais je souris, Me disant qu'il n'est pas un de ces flatteurs encore Mais avise mes sens, et me rappelle A celui que je suis. BŽnŽfique, l'adversitŽ, On dirait un crapaud fort laid, venimeux, Mais comme le crapaud elle a dans la tte Une pierre prŽcieuse. Notre vie, La voici protŽgŽe de la sociŽtŽ, Elle peut Žcouter des voix dans les arbres, Ou lire dans les eaux vives, ou se confier A l'Žloquence des pierres; et cela, c'est le bien! Je ne voudrais le perdre pour rien au monde. 
        
       
        
         II, 3, Adam (serviteur)Ma vieillesse? C'est donc un fort bel hiver, Froid, mais c'est de saison. Laissez-moi vous suivre, Je remplirai l'office d'un plus jeune homme En toutes vos affaires, tous vos besoins. 
        
       
        
         II, 4, SilviusAh, tu n'as pas aimŽ bien passionnŽment! Si tu as oubliŽ la moindre extravagance O t'ait jamais prŽcipitŽ l'amour.  Non, tu n'as pas aimŽ. Si tu n'es pas restŽ comme je fais en ce moment Ë lasser tout le monde par la louange De ton aimŽe, non, tu n'as pas aimŽ. Ou bien si tu n'es pas parti, sans criŽ gare, Comme je fais maintenant, par amour, Non, tu n'as pas aimŽ. 
        
       
        
         II, 4, Pierre de touche (le bouffon) Et je me souviens que je baisais son battoir, ˆ la m™me, et aussi les tŽtines de la vache que ses mignonnes mains toutes gercŽes venaient de traire. Et je me souviens encore que j'ai courtisŽ une cosse de pois en croyant que c'Žtait elle; et que j'en ai tirŽ deux gros petits pois pour aussit™t les lui rendre en m'Žcriant, tout en dŽchargeant des sanglots: "porte-les en souvenir de moiÉ" Nous autres les vrais amoureux nous nous laissons aller ˆ d'Žtranges lubies. Mais comme tout est mortel, dans la nature, il est bien naturel que l'amour aussi soit fou ˆ pŽrir. 
        
       
        
         II, 7, OrlandoOh, pardon, je vous prie, Je pensais ne trouver ici que des sauvagesÉ Mais qui que vous soyez,  A vivre ainsi dans ce dŽsert inaccessible, Ë l'ombre de ces arbres tristes, laissant se perdre  Inaperues les heuresÉ (que) la douceur Soit ma faon de vous contraindre. 
        
       
        
         II, 7, Jacques (la mŽlancolie) La conclusion de cette dr™le d'histoire, mouvementŽe, C'est la seconde enfance, l'oubli de tout, Et plus de dents, plus d'yeux, plus de gožt pour rien ni plus rien. 
        
       
        
         III, 2, CŽliaAh, c'est merveilleux, merveilleux, merveilleusement merveilleux! Merveilleux au-delˆ de toutes les exclamations qui s'Žmerveillent. 
        
       
        
         III, 2, RosalindeUne seconde plus dans ton retard ˆ parler, c'est aussi long qu'une traversŽe dans vers les ”les des mers du Sud. 
        
       
        
         IV, 2, RosalindeIl y a un vieux juge pour s'occuper des dŽlinquants de ta sorte, c'est le Temps. 
        
       
        
         Macbeth
        
       
        
         I, 3, Banquo (gŽnŽral, il s'adresse aux trois sorcires) Oh qu'est-ce lˆ? Qui sont ces crŽatures si flŽtries, Si insensŽes en leur accoutrement Qu'elles ne semblent pas de cette terre Que pourtant elles foulentÉ Etes-vous en vie? L'homme a-t-il mme droit de poser des questions  A des tre de votre sorte? Vous paraissez me comprendre, Portant vos doigts gercŽs ˆ vos lvres sches. Vous pourriez tre des femmes, N'Žtaient ces barbes pour me dissuader de le croire. 
        
       
        
         I, 3, MacbethMais pourquoi puis-je, dans ce cas, Me laisser envahir par cette hantise Dont l'insinuation abominable  Fait se dresser mes cheveux, et cogner Mon cÏur pourtant solide contre mes c™tes Comme jamais encoreÉ Certes la peur vŽcue Est moindre que l'horreur qu'on imagineÉ 
        
       
        
         I, 7, Lady macbethJ'ai donnŽ le sein, et je sais Comme il est doux d'aimer le petit tre qui tte, Mais j'aurais arrachŽ mon tŽton  ˆ ses gencives sans force, Et fžt-il mme en train de me sourire, J'aurais fait jaillir sa cervelle Si je m'atais engagŽe par le mme serment que vous! 
        
       
        
         V, 5, MacbethJ'ai donc presque oubliŽ le gožt de la peur. Il fut un temps o mes sens se seraient glacŽs A un cri dans la nuit; o mon cuir chevelu  Se serait hŽrissŽ au moindre conte lugubre Comme s'il ežt ŽtŽ la rŽalitŽ. Mais j'ai eu mon saoul d'horreur. L'atroce est familier ˆ mes pensŽes meurtrires Et ne me fait plus tressaillir. 
        
       
        
         V, 5, MacbethElle aurait dž mourir en un autre temps, Un o pour ce grand mot, la mort, il y aurait place. HŽlas, demain, demain, demain, demain Se faufile ˆ pas de souris de jour en jour  Jusqu'aux derniers Žchos de la mŽmoire Et tous nos "hiers" n'ont fait qu'Žclairer les fous Sur le chemin de l'ultime poussire Eteins-toi brve lampe! La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur Qui s'agite et parade une heure, sur la scne, Puis on ne l'entend plus. C'est un rŽcit Plein de bruit, de fureur, qu'un idiot raconte Et qui n'a pas de sens. 
        
       
        
         V, 5, MacbethSi ce qu'on me dit se confirme, il est aussi vain De fuir se lieu que de s'y retrancher, Mais je commence ˆ tre las du soleil; je voudrais Que l'immense univers s'ŽcrouleÉ 
        
       
        
         
        
       
        
         RomŽo et juliette
        
       
        
         I, 1, RomŽoLe jour est-il encore si jeune? É les heures tristes paraissent longues. 
        
       
        
         I, 1, RomŽoBah, je me suis abandonnŽ moi-mme, Je ne suis pas iciÉ Ce n'est pas RomŽo.  Il est quelque autre partÉ 
        
       
        
         II, 2, JulietteQue je voudrais tre convenable, que je voudrais, Ce que j'ai dit, le dŽtruire! Mais adieu mes bonnes manires, M'aimes-tu? Je sais bien que tu diras oui, Et je te croirais sur parole. É ï RomŽo, Si tu m'aimes, proclame-le d'un cÏur bien sincre, Et si tu m'as trouvŽ trop aisŽment sŽduite, Je me ferai dure et coquette, je dirai non, Mais pour que tu me courtises, car autrement J'en serais incapableÉ Beau Montaigu, Je suis bien trop Žprise, et c'est pourquoi Tu peux trouver ma conduite lŽgre, Mais, crois-moi, ‰me noble, je serai Plus fidle que d'autres qui, plus rusŽes,  Savent para”tre froides. Je l'aurais tentŽ, je l'avoue, Si tu n'avais surpris, ˆ mon insu, Mon aveu passionnŽ d'amour. Aussi, pardonne-moi, Sans attribuer ˆ une ‰me frivole Cet abandon qu'ˆ dŽcouvert la nuit trop sombre. 
        
       
        
         
        
       
        
         III, 2, JulietteAux amants peut suffire, pour les rites de l'amour, La lumire de leur beautŽ; et si l'amour est aveugle Il s'accorde aux tŽnbres d'autant mieuxÉ Viens, douce nuit, amoureuse au front noir, Donne-moi RomŽo; et quand je serai morte Prends-le, fais le se rompre en petites Žtoiles Lui qui rendra si beau le visage du ciel Que l'univers sera comme fou de la nuit Et n'adorera plus l'aveuglant soleil. 
        
       
        
         
        
       
        
         III, 3, RomŽoSes lvres, qui , dans leur chaste modestie, Ne cessent de rougir ˆ l'idŽe qu'elles sont coupables Du pŽchŽ de s'entrebaiserÉ 
        
       
        
         
        
       
        
         IV, 3, JulietteQuand nous reverrons-nous? Dieu seul le sait. Je sens un vague frisson de peur S'Žpandre dans mes veines et glacer presque  La chaleur de ma vieÉ 
        
       
        
         
        
       
        
         V, 3, RomŽoCombien de fois les hommes qui vont mourir  Ont ce moment de joie, que les gardes-malades Nomment l'Žclair de la fin. .. La mort, qui a sucŽ le miel de ton haleine,  N'a pas encore eu prise sur ta beautŽ Et tu n'es pas vaincueÉ Pourquoi es-tu si belle encore? Dois-je croire  Que l'impalpable mort serait amoureuse, Et que ce monstre honni et dŽcharnŽ Te garde dans le noir pour que tu sois sa ma”tresse? Par crainte de cela, je veux rester prs de toi. C'est ici que je veux mettre eu jeu mon repos Žternel Et arracher au joug des Žtoiles contraires Ma chair lasse du mondeÉ |  | SŽlection et montage final des textes.  Le film n'est pas trs respectueux des textes d'origine. Chaque monologue est un montage ˆ partir d'un ou plusieurs extraits, parfois issus de pices diffŽrentes. 
 
 
        
       
         
        
       
        
         Texte 1 lu par Anne Muller  Commande-moi de sauter d'une tour, ou d'errer dans les rues du crime.  Enferme-moi de nuit dans un charnier,  Commande-moi d'aller dans une tombe creusŽe de frais, me coucher prs d'un mort. Tout cela, je frŽmis quand je le raconte, mais je le ferais sans crainte,  pour garder mon cher amour. 
        
       
        
         
        
       
        
         IV,1, Juliette  Commande-moi de sauter du plus haut des crŽneaux d'une tour, Ou d'errer dans les rues du crime. Demande-moi De me cacher parmi les serpents. Accroche-moi Avec des ours grondants, enferme-moi De nuit dans un charnier empli jusqu'au fa”te Des os s'entrechoquant des morts, tibias fŽtides, Cr‰nes jaun‰tres sans m‰choireÉ Commande-moi D'aller dans une tombe creusŽe de frais Me coucher prs d'un mort sous son linceul ! Tout cela, j'ai frŽmi quand on le raconte et pourtant Je le ferais sans crainte ni dŽfaillance Pour garder son Žpouse ˆ mon cher amour. 
 
        
       
        
         
        
       
        
         
       Que je voudrais tre convenable, que je voudrais, Ce que j'ai dit le dŽtruire! Mais adieu mes bonnes manires, M'aimes-tu? Si tu m'aimes, proclame-le ; je te croirais sur paroles. Et si tu m'as trouvŽ trop aisŽment sŽduite, Je  me ferai dure et coquette, je dirai non, Mais pour que tu me courtises, car autrement J'en serai incapable. 
        
       
        
         
        
       
        
         II, 2, JulietteQue je voudrais tre convenable, que je voudrais, Ce que j'ai dit, le dŽtruire! Mais adieu mes bonnes manires, M'aimes-tu? Je sais bien que tu diras oui, Et je te croirais sur parole. É ï RomŽo, Si tu m'aimes, proclame-le d'un cÏur bien sincre, Et si tu m'as trouvŽ trop aisŽment sŽduite, Je me ferai dure et coquette, je dirai non, Mais pour que tu me courtises, car autrement J'en serais incapableÉ Beau Montaigu, Je suis bien trop Žprise, et c'est pourquoi Tu peux trouver ma conduite lŽgre, Mais, crois-moi, ‰me noble, je serai Plus fidle que d'autres qui, plus rusŽes,  Savent para”tre froides. Je l'aurais tentŽ, je l'avoue, Si tu n'avais surpris, ˆ mon insu, Mon aveu passionnŽ d'amour. Aussi, pardonne-moi, Sans attribuer ˆ une ‰me frivole Cet abandon qu'ˆ dŽcouvert la nuit trop sombre. 
        
       
        
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      Elle aurait dž mourir en un autre temps, Un temps o pour ce grand mot, la mort, Il y avait de la place. Quand nous reverrons-nous?  Je sens un vague frisson de peur Parcourir dans mes veines  Et presque me glacer. 
        
       
        
         V, 5, MacbethElle aurait dž mourir en un autre temps, Un o pour ce grand mot, la mort, il y aurait place. HŽlas, demain, demain, demain, demain Se faufile ˆ pas de souris de jour en jour  Jusqu'aux derniers Žchos de la mŽmoire Et tous nos "hiers" n'ont fait qu'Žclairer les fous Sur le chemin de l'ultime poussire Eteins-toi brve lampe! La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur Qui s'agite et parade une heure, sur la scne, Puis on ne l'entend plus. C'est un rŽcit Plein de bruit, de fureur, qu'un idiot raconte Et qui n'a pas de sens. 
        
       
        
         IV, 3, Juliette Quand nous reverrons-nous? Dieu seul le sait. Je sens un vague frisson de peur S'Žpandre dans mes veines et glacer presque  La chaleur de ma vieÉ 
        
       
        
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         Louise Hermann (sŽquence coupŽe au montage) 
        
       
        
         J'ai donc presque oubliŽ le gožt de la peur. Il fut un temps o mon cuir chevelu se serait hŽrissŽ au moindre cri dans la nuit. Mais j'ai eu mon soul d'horreur C'est maintenant que je pourrais boire  Du sang chaud et faire des choses si atroces que le jour FrŽmirait de les voir. 
        
       
        
         V, 5, MacbethJ'ai donc presque oubliŽ le gožt de la peur. Il fut un temps o mes sens se seraient glacŽs A un cri dans la nuit; o mon cuir chevelu  Se serait hŽrissŽ au moindre conte lugubre Comme s'il ežt ŽtŽ la rŽalitŽ. Mais j'ai eu mon saoul d'horreur. L'atroce est familier ˆ mes pensŽes meurtrires Et ne me fait plus tressaillir. 
        
       
        
         
        
       
        
         (III, 2, Hamlet) C'est maintenant que je pourrais boire Du sang chaud et faire des choses si atroces que le jour FrŽmirait de les voir. 
        
       
        
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      Si ce qu'on me dit se confirme, il est aussi vain De fuir ce lieu que de s'y enfermer. Mais je commence ˆ tre las du soleil;  Si seulement cette chair trop solide pouvait fondre, Et se dissoudre  En rosŽe.   V, 5, MacbethSi ce qu'on me dit se confirme, il est aussi vain De fuir ce lieu que de s'y retrancher, Mais je commence ˆ tre las du soleil; je voudrais Que l'immense univers s'ŽcrouleÉ 
        
       
        
         (I, 2, Hamlet) Oh! Si cette chair – trop, trop solide – pouvait fondre, Et dans ce dŽgel se dissoudre en rosŽe, Ou si l'Eternel n'avait pas ŽdictŽ sa loi Contre le meurtre de soi-mme ! ï Dieu ! ï Dieu! Comme me semble lassant, rebattu, insipide Et ne menant ˆ rien, tout ce qu'on fait au monde ! Pouah, quelle horreur ! C'est un jardin envahi d'herbes Qui montent en graine. Seul ce qui est Žpais  Et grossier y rgne. 
        
       
        
         
        
       
        
         Texte2 (sŽquence coupŽe au montage) Je vous en prie, ne vous moquez pas de moi. Je vous connais, il me semble, mais je reste incertain. Car avant tout j'ignore   Quel est ce lieu; et ne sais O j'ai logŽ cette nuit. Vous pensez que je vais pleurer. Mais non, je ne pleurerai pas.  
        
       
        
         
        
       
        
         (IV, 7, Lear) Je vous en prie, ne vous moquez pas de moi. Je suis un trs vieil homme trs sot, trs fou, De quatre-vingt ans et plus, non, pas une heure De plus, de moins; et, pour parler franc, je redoute De ne plus tre au mieux de ma raison. Je vous connais, il me semble, et cet homme aussi,  Mais je reste incertain; car, avant tout, j'ignore Quel est ce lieu; et de toute ma tte Je ne puis rien tirer sur ces vtements; et ne sais O j'ai logŽ cette nuit. Ne riez pas de moi, 
        
       
        
         (II, 3, Lear) Ne me rassotez pas au point que je souffre  Comme une bte soumise. PŽnŽtrz-moi  D'une haute colre, - et faites que mes joues ne soient pas souillŽes De pleurs, ces armes de la femme. Vous pensez que je vais pleurer, Non, non, je ne pleurerai pas. J'ai certes toutes Les raisons de le faire, mais ce cÏur-lˆ Eclatera en cent mille morceaux Avant que je ne pleure. O fou, je deviens fou! 
        
       
        
         
        
       
        
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         C'est merveilleux, merveilleusement merveilleux!  Je me suis abandonnŽ ˆ moi-mme, Je ne suis pas iciÉ Ce n'est pas moi. Je suis quelque autre part. 
        
       
        
         III, 2, CŽlia (Comme il vous plaira)Ah, c'est merveilleux, merveilleux, merveilleusement merveilleux! Merveilleux au-delˆ de toutes les exclamations qui s'Žmerveillent. 
        
       
        
         
        
       
        
         I, 1, RomŽoBah, je me suis abandonnŽ moi-mme, Je ne suis pas iciÉ Ce n'est pas moi.  Je suis quelque autre partÉ 
        
       
        
         
        
       
        
         Texte 2 (sŽquence coupŽe au montage) Que je suis honteux Que tu aies le pouvoir d'Žbranler ainsi mon cÏur d'homme, En sommes-nous donc lˆ? Soit! 
        
       
        
         
        
       
        
         (I,4 Lear) Vie et mort! Que je suis honteux Que tu aies le pouvoir d'Žbranler ainsi mon cÏur d'homme, Et que ces chaudes larmes, qui jaillissent contre mon grŽ, Te fassent digne d'elles! Oh, temptes, flagellez-la, Et vous brouillards nocifs! Que les incurables blessures  De la malŽdiction d'un pre te dŽchirent En chacun de tes sens! Vieux tendres yeux,  Si pour ce motif-lˆ vous pleurez encore, Je vous arrache et vous jette, avec l'eau que vous rŽpandez Pour attendrir la pierre! En sommes-nous donc lˆ? Soit! |  |