Un jour, j'étais alors adolescent, un de mes amis est mort, disparu du jour au lendemain sans signe avant-coureur. Le soir, il était là, le lendemain, il n'était plus, emporté dans la nuit par une embolie pulmonaire.

Peu après, j'ai jeté mon éducation catholique aux oubliettes... Exit la puissance divine.

Juillet s'annonçait catastrophique. Avec mon vieux camarade Jean-Damien, nous avons décidé de tourner un film, pour nous occuper, pour conjurer le sort.

Cet été-là, le cinéma nous a permis de conserver un peu de sens et de plaisir.

J'ai l'impression, dans les films que je fais depuis, qu'il reste toujours une trace de cette vieille décision. Il y a toujours également ce manque de mon ami, et des autres perdus depuis, qui nous pousse à nous débattre comme nous le pouvons.

Entre autres choses, je filme pour conserver un peu de vie dans les images... Contre le flux qui nous emporte, le cinéma a le pouvoir miraculeux de fixer de la beauté vivante.

(mai 2006)