Les ongles noirs - un film de Jérôme Descamps

 

Sur la musique des ongles noirs

Dans l’élaboration (longue) de ce film, j’avais imaginé pour accompagner Léonard, garçon solitaire, rien de moins que… rien. Du silence répondant au silence de sa situation. Un entrelacs de sons d’ambiance et de sons directs et surtout pas de musique.

J’ai un rapport complexe avec la musique dans les films. À la fois, admirateur des grandes collaborations historiques (Rota/Fellini, Hermann/Hitchcock, Delerue/Truffaut, les jeux proposés par Godart ou les relectures savantes de Kubrick), à la fois prudent avec l’envahissement des musiques/béquilles qui font partie du décor sans lien avec la dramaturgie.

Vint ensuite plusieurs questions :
Comment faire vivre un récit construit autour du silence, de la solitude ? Comment faire entendre une vie de silence ?

Comment traiter les différentes apparitions de Valentine, les fantasmes et les fantasmagories (irruption des séminaristes grimés) ?

Comment accompagner la course finale de Léonard à la fin du film ? Cette liberté nouvelle comment lui donner corps au côté du corps du comédien ?

Très vite la partition Fanfare de Benjamin Britten d’après les Illuminations d’Arthur Rimbaud m’a beaucoup plu, j’aime ses cordes claires, son injonction brillante - J’ai seul la clef de cette parade sauvage - oui, c’est bien Léonard à ce moment-là… un peu trop peut-être… et puis c’est Rimbaud mis en musique, peut-être était-ce trop signifiant ?
Vint alors l’écoute d’une balade sombre de Jeff Buckley intitulée Dream brother, (voix et guitare). Bâtie en crescendo, je tenais là ce que je sentais sans pouvoir l’exprimer : une montée lente à partir de la séquence d’irruption de La Servante dans la chambre vide de Léonard et la course finale à la fois libératrice mais aussi pleines de questions, une course vers la vie, ce qui ne veut pas dire que les noirceurs seront absentes, pas d’angélisme, pas de happy-end béat.

Clermont-Ferrand 2008 :
Vint alors le Festival de Clermont-Ferrand où je vis le film Monstre 2 d’Antoine Barraud. Instantanément, la partition allusive qui se jouait entre le récit et la musique m’a parlé.

J’ai donc pris contact avec Antoine Dumont, compositeur, pour lui faire lire mon scénario, il m’a adressé plusieurs approches dont Ecreme4, Haut Lieu 2, Ennemyz end more que vous pourrez entendre ci-après. Ces moments de musique ont collé au personnage et au film que je voulais faire.

Après un après-midi de travail à la maison, nous avons travaillé à distance pour ce film car le studio d’Antoine se trouve à Dijon.
Au cours du montage avec Gilles Bénardeau, la présence de la musique s’est imposée en introduction et en final comme des parenthèses.
Notre souci a été de proposer un univers musical qui soit ancré en 2010, sans référence au XIXème siècle, seul a compté la traduction musicale de son énergie de rupture.

Propositions d'Antoine Dumont :

Ecreme4
Haut Lieu 2
Ennemyz end more

Pour écouter et voir toutes les propositions d’Antoine Dumont, voici quelques adresses :
http://www.collectif-ras.org/
http://www.myspace.com/antoinedumont
http://leccs.blip.tv/
http://grandvehicule.com

 

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