Journal rétro-actif

Entre 1980 et 1998…
Des comédies musicales et des films musicaux

Mary Poppins de Robert Stevenson – 1964 http://www.youtube.com/watch?v=FTI-GEtgZYI&feature=related

Peau d’âne – 1970 de Jacques Demy http://www.dailymotion.com/video/x24gup_peau-dane_shortfilms

Annie de John Huston – 1982 http://www.dailymotion.com/video/x8f5b9_annie-1982-theatrical-trailer_shortfilms

 

Jeanne et le garçon formidable d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau – 1998 http://www.dailymotion.com/video/x90ldy_jeanne-et-le-garcon-formidable-band_shortfilms

Les blues Brothers de John Landis – 1980 http://www.youtube.com/watch?v=tjGfnsjdJec

Les trois F :

  1. Fame d’Alan Parker http://www.youtube.com/watch?v=vsnQ8p-BVmQ
  2. Flashdance de Adrian Lyne 1983 http://www.youtube.com/watch?v=Syye9LMPs5U
  3. Footloose de Herbert Ross -1984 http://www.youtube.com/watch?v=FaaYU-lZ3ac

Dirty Dancing d’Emile Ardolino -1987 http://www.youtube.com/watch?v=tFOdpxzfZEg

Chorus line de Richard Attenborough – 1985 http://www.cinemovies.fr/bande-annonce-1117-34138.html

West Side Story de Robert Wise et Jerome Robbins http://www.dailymotion.com/video/xa4kf7_west-side-story-bande-annonce-vost_shortfilms

Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy - 1967 http://www.dailymotion.com/video/x868k1_les-demoiselles-de-rochefort-traile_people

 

Top Hat de Mark Sandrich – 1935 http://www.youtube.com/watch?v=vbMpecOKoDY

The band wagon (Tous en scène) de Vincente Minelli – 1953 http://www.youtube.com/watch?v=EQxXUmB7AEI

Grease – Randall Kleiser – 1978 http://www.youtube.com/watch?v=PDpOM0L9eQI

   

 

Fin 2006/ Début 2007

Je reprends un début de scénario que j’avais commencé quatre ans auparavant. Entre temps je suis partie faire un autre film (J’ai deux amours), et puis encore un autre (Deweneti)…
Comme souvent je démarre l’écriture en reprenant des notes collectées dans les petits carnets qui m’accompagnent partout, tout le temps. Là il s’agit d’une série de notes de voyage, au Sénégal,  dans un taxi-brousse, entre Dakar et Saint-Louis… Des situations, des personnages…et des rencontres que je n’ai pas faite car j’étais trop occupée à observer, à décrire, à noter pour ne pas oublier. Je veux faire un film sur les possibles rencontres dans un transport en commun hors du commun : le taxi-brousse. Il va devenir le décor principal aussi je me dis qu’il faut faire un travail spécifique sur le son. Et pourquoi pas des rencontres sonores entre tous ces passagers qui pourront à peine échanger un regard… Et pourquoi pas une comédie musicale !

Je fais lire un petit traitement à mon amie Alexa en lui proposant de m’accompagner dans l’écriture du projet encore sans titre. On l’appelle la comédie musicale, on partage une grande affection pour le genre. On se voit régulièrement. On entame ensemble l’écriture de chansons qui deviendront le Twist de Malick et Dorine au salon. Bien que ludique, c’est un exercice sacrément difficile à mon goût … On écoute avec une nouvelle attention un paquet de chansons, des standards de jazz, de la variété, histoire de comprendre comment ils font les autres, ceux dont c’est le métier d’écrire des chansons ! En travaillant sur la chanson de Malick, je me souviens qu’on écoutait particulièrement une chanson de Jovanotti, Ragazzo fortunato, pour la chanson de Madame Barry qui deviendra le Blues de Madame Barry, c’était Love for sale de Cole Porterversions Ella Fitzgerald, entre autres… Ces écoutes permettent d’être dans l’humeur, d’appréhender le rythme, les structures.

Avril/Mai 2007
Arnaud, mon producteur, me fait part d’un dépôt imminent pour le Fonds d'Appui à la Production de courts-métrages en Afrique Subsaharienne - Produire au Sud. Il m’oblige ainsi (enfin!) à lui faire lire le projet en l’état ce que j’ai toujours beaucoup de mal à faire. L’objet est loin d’être abouti mais déjà il se montre enthousiaste, ça m’encourage. Il monte le dossier avec la matière dont on dispose à ce moment-là et à ma grande surprise, tout s’enclenche.

Juillet 2007
Nous obtenons une réponse positive de la commission de ce Fonds! Dans la foulée une autre belle nouvelle nous arrive : ARTE s’engage sur un pré-achat ! Tout reste encore à faire mais je me souviens que suis sur un petit nuage cet été là… Il se dessine un intérêt réel pour le projet.

Septembre 2007 à Juillet 2008
Le scénario va doucement prendre sa forme définitive. En décembre, je donne naissance à mon fils : Djibril. Le projet est refusé à la contribution financière. On obtient une dérogation pour le présenter à nouveau Le processus d’écriture devient de plus en plus difficile. Il est enrichi de nouvelles collaborations au scénario, avec Ariane, puis Louise qui interviendra en dernier lieu. Je me colle enfin aux chansons. Jusque-là, à part les deux chansons que nous avions écrites avec Alexa, il y a des petits résumés dans le corps du scénario avec la mention suivante : texte à venir ! Ils mettent du temps à venir… Parolier, c’est un métier. Je réussis à m’affranchir de cette inhibition en m’obligeant à penser les chansons comme des dialogues.

Eté 2008
On finalise une version à représenter au CNC. Je commence le travail préalable à l’écriture de la musique avec Baptiste, le compositeur de la musique du film. C’est le troisième film que nous faisons ensemble et bien évidemment le plus ambitieux. Il vient passer quelques jours dans ma campagne. Il arrive avec une pile de dvd qu’on a loué, des films qu’on a décidé de revisiter ou simplement envie de découvrir… On se cale au grenier devant le vidéo projecteur et on décortique certaines séquences dont on analyse les entrées et sorties de la musique mais pas que : les décors, la mise en scène… On fait des pauses, on échange, on prend des notes, Baptiste se met au piano, on cherche. Je souhaite trouver une couleur musicale pour chaque personnage qui soit en rapport avec sa trajectoire et ses émotions. Je souhaite aussi qu’on pense la musique pour une grande formation.
Je lui remets un cd avec toutes les musiques/chansons qui m’ont accompagnées durant l’écriture. J’écris toujours en musique et je construis au fur et à mesure ma play-list qui devient une base de travail dans notre collaboration. A  chaque morceau correspond un personnage, une situation, une humeur : O sole mio (pour l’ouverture du film), Tears dry on their own de Amy Winehouse (pour Dorine dans le salon de coiffure), le Clair de lune de Debussy (pour le final), Good Friday de Coco Rosie (pour la chanson de Souki - sur le terrain vague), Rotcha Scribida de Césaria Evora et Bridge over a trouble water d’Aretha Franklin (pour la chanson de Madame Barry – en brousse sur son fauteuil léopard)…

Septembre/ Octobre 2008
Je dois avancer sur la constitution de l’équipe qui sera franco-sénégalaise. De nouvelles collaborations se profilent. On se voit régulièrement avec Baptiste, il me fait écouter des choses, il m’envoie des maquettes, on avance, on affine…

Novembre 2008
Le projet reçoit la contribution financière du CNC ! On planifie les dates de tournage pour début 2009. Il faut finir de constituer l’équipe et le casting.
Il y a déjà quelques rôles distribués à Paris. J’ai écrit les personnages pour eux. Ce sont ma famille, mes proches. Pour Naïma et Marième, j’ai écrit les rôles de Binette et Josephine, deux sœurs franco-sénégalaises qui sont envoyées à Saint Louis de force finir leur été chez leur grand-père. Pour Gaspard, j’ai écrit celui d’Antoine, jeune traveller français, étudiant en musicologie, parti étudier les percussions d’un grand maître sénégalais et qui croisera la route de Dorine la jeune apprentie coiffeuse. Et enfin, pour Umban que j’ai imaginé en Médoune Sall, chauffeur engagé d’un taxi 7 places qui conduira ses passagers sur une route enchantée…
Je pars à Dakar avec Valérie, assistante à la mise en scène pour valider/trouver les décors, lancer le casting et constituer l’équipe technique sur place. On a une dizaine de jours devant nous. On arpente en scooter les quatre coins de la ville pour répandre l’information. On tire des affichettes que l’on placarde là où cela nous semble opportun (école des arts, centre culturels de quartier, églises -un soir de gala, on a repéré des chanteurs dans le chœur de l’Eglise des martyrs de l’Ouganda)... S’en suivront deux incroyables journées de casting, dignes de la recherche de la Nouvelle star ! On va auditionner une centaine de personnes, des professionnels et beaucoup d’amateurs. Le casting est éprouvant, on fait passer un essai texte (en wolof et en français) et un essai chant ((libre). Il y a beaucoup de jeunes rôles à distribuer, des jeunes gens à qui l’on peut difficilement demander d’avoir de l’expérience et à la fois des aptitudes en chant, en danse et en comédie. Je m’aperçois que les gens que je rencontre n’ont aucune culture de la comédie musicale mais ils ont en commun, une énergie incroyable et l’irrésistible envie de participer au projet. On organise une réunion techniciens chez Willy qui sera l’interlocuteur de la production sur place pendant toute la préparation du tournage. On expose le projet aux techniciens. Pour la plupart, j’ai déjà travaillé avec eux sur mes précédents films tournés à Dakar. On aborde les problèmes pratiques  notamment liés au taxi-brousse, à son tractage... Nous rentrons à Paris en ayant trouvé une bonne partie des décors, confirmé un certain nombre de rôles et aussi avec l’accord de principe de plusieurs techniciens.

Décembre 2008
Toutes les séquences musicales du film seront tournées en play-back. On passera une bonne dizaine de jours en studio à enregistrer toute la musique du film avec le Surnatural Orchestra et d’autres musiciens réunis autour d’eux, dont l’orchestre Les Cordes. Je découvre les techniques de studio, on enregistre partie par partie : la rythmique, les sections, les cordes, les voix (dans un premier temps des voix témoins)… Pierre, l’ingénieur du son monte les pistes en direct. Jusque-là je pouvais me faire une petite idée de ce qu’allait être la musique à travers les maquettes que m’envoyait Baptiste mais j’étais loin de me représenter l’ampleur du travail qu’il était en train d’effectuer (et ce n’est que le début puisqu’il va nous accompagner tout le tournage). C’est magique. C’est comme un premier tournage. J’ai du son mais pas encore les images. En parallèle, on travaille sur le découpage technique avec Irina qui sera la chef opératrice du film. Chacune de nos séances de travail est riche de croquis, de réflexions sur le placement de la caméra notamment pour toutes les séquences intérieur/ taxi et évidemment pour chaque séquence musicale que l’on aborde dans le détail.

Fin Janvier 2009
C’est l’heure du départ, avec Naïma (ma sœur, qui a signé les chorégraphies du film, tout en interprétant le rôle de Binette) et Baptiste qui m’accompagnent pour les répétitions qui vont précéder le tournage. Valérie n’est malheureusement pas du voyage cette fois, elle a dû rester à Paris et ne pourra prendre part au tournage. On avait tout préparé ensemble, je me sens comme « amputée ».
Je suis malade comme un chien tout le voyage. Naïma prend mon relai dès notre arrivée à Dakar. Virus familial ou angoisse partagée ?
Les répétitions musicales s’organisent avec Baptiste dans un espace culturel du centre-ville. Il fait travailler les comédiens sénégalais qui ont une semaine devant eux avant d’enregistrer leurs parties en studio avant le tournage. On a quelques déconvenues, on décide notamment de remplacer une comédienne (rôle de Dorine) au pied levé. En parallèle, Naïma fait son casting de danseurs. On s’installe dans un lieu qui deviendra celui de toutes nos répétitions, notre laboratoire : le centre culturel Blaise Senghor entre les quartiers de Fass, Zone A et Zone B. Je suis sur tous les fronts : production, repérages, casting toujours et encore, essayages, lectures… Les journées sont longues, je ne me sens absolument pas prête mais les choses avancent et se font malgré tout qui s’y oppose parfois.
Les troupes parisiennes débarquent : Franck pour la production, Irina, chef opératrice, Marion, assistante caméra, Dimitri, ingénieur du son, Chloé, scripte mais également les comédiens : Marième, Gaspard et Umban. Ils ont à peine le temps de s’acclimater qu’on doit démarrer sur les chapeaux de roue les répétitions. Les deux équipes font connaissance. Je dois me rendre disponible autant que possible pour tout le monde, c’est la course contre la montre au « Laboratoire Blaise Senghor ». Quand je dis laboratoire, c’est vraiment l’ambiance qui émanait de ce lieu qu’on a investi à tous les endroits. Danse, chant, texte : ça répète dans tous les sens. Le midi à l’heure de la pause-déjeuner tout le monde se retrouve dans les jardins pour partager le repas qui nous a été soigneusement préparé par Magaye et son équipe. Oumar, l’ensemblier, en profite souvent pour me montrer les éléments du décor qu’il a rassemblé au fur et à mesure. Il en a fabriqué certains, notamment les enseignes de la gare routière et du salon de coiffure…
A l’heure du déjeuner, on fait aussi des projections d’extraits de comédies musicales choisis avec Baptiste dans la grande salle depuis mon vidéo-projecteur qui nous a suivi jusque-là.

Février 2009
Le tournage démarre à Dakar le 2 février et se poursuivra jusqu’au 21. J’ai le sentiment qu’on n’est pas tout à fait prêts (et c’est le cas). C’est un work-in-progress, le digne prolongement du laboratoire des répétitions dont je parlais plus haut. Nous tournerons tout le film dans l’ordre chronologique et ferons donc le voyage de Dakar à Saint Louis en dix-huit jours !
Nous commençons le tournage dans le quartier du Sacré-cœur pour tourner les séquences du salon de coiffure. Après quelques extérieurs pour se mettre dans le bain, on s’apprête à tourner notre première séquence musicale : Dorine au salon.  On re-découpe la chanson en fonction de l’espace qui est étroit. On détermine un parcours très précis pour la caméra et les comédiennes face à elle. La partition est millimétrée. Le dispositif demande une grande précision. On répètera beaucoup et de manière générale tous les tableaux musicaux.
A l’opposé, on ira ensuite se poser quelques jours à la gare routière des pompiers, lieu ouvert, à l’activité permanente et à la population dense. On est tout de suite dans le bain ! C’est une difficulté que de tourner en décor naturel à Dakar, une comédie musicale de surcroît, en play-back ! Il faut constamment composer avec le réel. C’est une contrainte mais c’est surtout une incroyable richesse. Le réel s’inscrit dans la fiction et vient nourrir le pan documentaire du film. Je fais rarement de casting de figurants en amont. Je les choisis et on les embauche sur place, le jour du tournage, dans un décor qui est toujours plein de vie. On compose avec un lieu et avec les gens qui y vivent, qui y travaillent ou qui sont simplement de passage. On les implique, on favorise l’échange.
A chaque lieu ses surprises… Comme ce jour où sur le décor de l’accident des pastèques, non loin de Tivaouane, un car de mauritaniens rentrant du Magal de Touba (pèlerinage de la plus grande confrérie musulmane au Sénégal) s’est échoué dans le sable sur le bas-côté de la route afin de nous éviter ! Plus de peur que de mal heureusement, j’ai le sentiment qu’on ne nous aura rien épargné ! Le tournage sera éprouvant, intense, lumineux, enchanté, jusqu’au dernier plan, magique où Irina fait installer la grue au soleil couchant, qu’il nous reste à peine le temps de faire deux prises et que le ballet de la vie surgit autour des passagers qui se font leurs adieux. C’est beaucoup d’émotion.

Mars/Avril 2009
Je retrouve Gwen qui a monté tous mes films depuis l’université. Elle a déjà commencé à monter car elle a reçu une première partie de rushes en cours de tournage et comme on tourne dans la continuité… Ma plus grande impression reste la découverte de la première séquence musicale montée : la chanson du 7ème passager à la gare routière, je suis stupéfaite de voir que ça marche… On aura  évidemment des complications à certains endroits, la structure va évoluer mais toujours dans le bon sens. Gwen a des doigts de fée et de mon côté, je fais facilement le deuil de ce qui était initialement écrit ou prévu. C’est un peu comme dans l’appréhension des décors dont je parlais plus haut, il faut bien composer avec la matière que l’on a à disposition.

Eté 2009
En Juin, c’est l’heure de la projection d’équipe, à l’Action Christine, à Paris. J’ai beaucoup d’affection pour ce lieu dans lequel j’ai vu, entre autres, un certain nombre de comédies musicales de l’âge d’or hollywoodien.
C’est un samedi matin ensoleillé qui colle parfaitement à l’humeur du film. L’accueil est chaleureux, c’est l’équipe, c’est la famille et beaucoup d’amis, mais je ressens
comme le début d’une nouvelle aventure.
En Aôut, le film est présenté pour sa première publique dans la compétition Cinéastes du présent, au festival de Locarno, en Suisse. C’est 1500 spectateurs réunis dans un gymnase qui vibrent au rythme des chansons. A la fin du premier tableau musical ; le septième passager ; la salle applaudit : un sacré transport en commun !

 

 

 

 

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