Journal rétro-actif

Bien que l'ensemble soit assez fidèle à ce que nous imaginions, il y a au moins deux choses qui nous ont dépassés : « la grande scène » qui nous gratte à l'encolure et le sentiment sur lequel le film semble nous abandonner au final.

La scène annoncée comme suit par le narrateur « Et maintenant en avant pour une grande scène !», ou Wakefield et sa femme se rencontre après 10 ans de séparation, est trop nettement en dessous du reste du film. Ça se voit.
Nous avions choisi une mise en scène sobre, un jeu d'acteur à peine chorégraphié, une gamme chromatique restreinte... et tout ça est suffisamment tenu sauf pour cette scène (qui aurait d'ailleurs gagné à être annoncée sans roulement de tambour).
Trop d'approximations, tout particulièrement le déplacement de la foule que nous voulions traiter comme un seul homme, plombent cette scène. Manque flagrant de figurants, de répétitions, stylisme trop disparate... décor « rue » faussé par des travaux imprévus... tout a joué contre nous : nous avons été battus. Cette scène aurait bien mérité un retake.

Pour ce qui est du sentiment sur lequel le film semble nous abandonner au final : sans aller jusqu'à penser que nous avions fait un film comique nous ne pensions pas que ce puisse être aussi dramatique.

 

Que diriez-vous du travail avec les comédiens « in » et le comédien « off » ?

Pour ce qui a été du travail avec les comédiens, Serge Renko nous a beaucoup questionné en amont pour préparer le rôle. Il était assez inquiet de collaborer avec la voix de Michael Lonsdale et de se noyer dedans. Il nous a ensuite fait une proposition qui s'imposait d'emblée. En bref, c'est lui qui a fait tout le travail (un bonheur de professionnalisme).
Les essayages en vue de la transformation nous ont permis d'affiner les traits et de parfaitement saisir la proposition de Serge. Il utilisait fréquemment le néologisme « wakefieldien » pour qualifier ce qui l'était ou ne l'était pas dans les directions que nous lui donnions lors du tournage... il avait souvent raison et semblait connaître Wakefield mieux que nous.
Bien que nous ayons une version maquette de la voix-off pour rythmer le jeu, il ne désirait pas l'entendre durant les prises, ni même avant (et forcément encore moins après). Il nous faisait simplement confiance pour le timing.

Pour la voix-off, Michael Lonsdale a d'abord fait une « version maquette » pour que nous puissions gérer les rendez-vous entre texte et image lors du tournage, puis nous avons refait une version définitive après le montage. Au final, nous étions tellement habitué à la spontanéité et la sobriété de la « version maquette » que nous avons fini par la garder (en grande partie). C'est donc cette version  de la lecture de la nouvelle que nous entendons durant le film.

 

Pouvez-vous nous parler du son ?

Le son d'ambiance est comme une zone tampon entre l'image et la voix. Il joue un rôle de médiateur pour concilier ces deux versions de l'histoire (celle vue et celle entendue) qui ne collent pas toujours.
La musique a plutôt un rôle de grain de sable qui révèle les discordances comme par friction entre les deux parties.

 

Comment s’est déroulé le travail des repérages, tournage, post-production ?

Rien de particulièrement marquant sur ces questions à part le choix du monteur, Walter Mauriot avec qui nous avions essentiellement fait du vidéo clip. Nous voulions qu'il amène de la musicalité pour contrebalancer la force littéraire du projet. De plus c'est l'un des seuls monteurs capable de tenir plus de 3 semaines confiné avec nous.
Sur la partie musique, Benjamin Morando et Benoît de Villeneuve ont simplement fait un travail remarquable (je voulais surtout les mentionner et je n'ai pas grand chose à dire de plus).

 

Comment s’est déroulé la production, cela a-t-il été facile ?

Nous avons d'abord eu l'aide de la région Bretagne et ensuite la contribution financière du CNC qui ont quelque peu facilité le processus de production.
Le choix du chef opérateur s'est avéré ardu, mais notre choix (Nathanaël Louvet) s'est avéré le bon nous semble-t-il encore aujourd'hui. Il comprenait et parlait le langage cinématographique légèrement poussiéreux que nous souhaitions donner à l'image du film...

 

Pouvez-vous nous parler de votre travail en duo ?

Nous collaborons depuis notre sortie de l'école d'Arts de Cergy. Nous travaillons parfois seul, mais nous apprécions particulièrement la vivacité de l'échange dans le processus bicéphale : en effet le retour critique est plus rapide et il faut beaucoup moins de temps pour vérifier que telle ou telle piste est bonne ou mauvaise (c'est toujours plus intéressant que de le découvrir au montage par exemple). Sur un tournage, quatre yeux valent mieux que deux pour ne rien laisser passer de malencontreux. Le plus important est que nous prenons beaucoup de plaisir à faire les choses ainsi.

 

 

   

 

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